18 Octobre 2023
Ernst Lubitsch né à Berlin en 1892, décède à Los Angeles en 1947
Billy Wilder, né en Pologne en 1906, décède en 2002 à Beverly Hills
Un Ernst Lubitsch européen jusqu'au bout des ongles, aux influences hongroises, allemandes et anglaises...
Un Billy Wilder satirique et corrosif (avec "Front page" - portrait sans concessions des journalistes de la presse de caniveau, et de la presse... tout court)...
Eternels optimistes, tous deux indécrottables humanistes, moralistes sans prêchi-prêcha et farouchement opposés à l'apologie du "tout cynisme"...
Cinéastes des sans-grades, des humbles et des petits... toujours porteurs d'une promesse pour ici et maintenant : les derniers seront les premiers ! Il suffit pour cela de patienter non pas une éternité mais une heure trente : le temps d'un film.
Deux maîtres incontestables de la Comédie... aux scénarii et dialogues d'une écriture d'une exemplarité et d'une efficacité redoutables, jamais égalée.
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Fort de cet héritage, certes, le rajout de Woody Allen s'imposerait sans l'ombre d'un doute, et celui de Mel Brooks aussi (en particulier, pour son film "Les producteurs")... à cela près : réalisateur-acteur... force est de constater que Woody Allen n'est intéressé que par Woody Allen ; préoccupation en opposition frontale avec la tradition humaniste, altruiste et non égoïstique de Lubitsch et de Wilder ; tradition avec laquelle Mel Brooks, réalisateur-acteur, sera le premier à rompre ; le cynisme triomphant des scénarii de Mel Brooks (le vice a raison sur la vertu ; le mensonge sur la vérité) dont il se délectera sans retenue, plantera le premier clou dans le cercueil de l'héritage de Lubitsch et de Wilder.
Notons que ce cynisme-là voit le jour - jusqu'à s'imposer partout en Occident (en France de Funès remplacera Fernandel et Bourvil) - dans les années d'après-guerre.
Mais alors, pourquoi après et pas avant ?
La question est posée.
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Si au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, quand on connaît le niveau des comédies "à la française" - scénarii indigents, écriture affligeante, aucune idée de rythme et de mise en scène -, on ne peut qu’arriver à la conclusion suivante : les réalisateurs de ces comédies (Blanc, Jugnot, Leconte, Poiré, Chabat, Mergault et consorts) n'ont sans aucun doute jamais vu les films de Lubitsch et de Wilder ou Capra ! Car, dans le cas contraire, l'autocensure aidant tous ceux qui ont besoin d'être aidés dans leur jugement, serait-il présomptueux d'affirmer que quatre-vingt-dix pour cent des comédies françaises de ces quarante dernières années n'auraient jamais vu le jour ?
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