15 Octobre 2019
Alors que l'enquête interne de la police avait conclu à la responsabilité des deux policiers en 2005...
« Sous couvert d'un langage judiciaire feutré, la décision du tribunal correctionnel de Rennes qui, le 18 mai 2015, a relaxé les deux policiers jugés pour « non-assistance à personnes en danger » après la mort de deux adolescents, Zyed et Bouna, dans un transformateur EDF de Clichy-sous-Bois (93 -Seine-Saint-Denis) en 2005, est d'une grande violence envers les familles de Zyed et Bouna, ainsi que leur camarade Muhittin qui a survécu, leur déniant le statut de victimes » - Médiapart
Le 27 octobre 2005, lors d’une course poursuite entre jeunes et policiers, Sébastien Gaillemin, gardien de la paix avait vu deux «silhouettes» enjamber un grillage et pénétrer dans un petit bois dans lequel, cinq mètres plus loin, un mur interdisait l’accès au site EDF. «S’ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau !», avait-il lâché sur la radio de la police, à l’écoute de laquelle était sa collègue Stéphanie Klein accusée elle aussi de ne pas avoir réagi.
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Avocat des familles de Zyed et Bouna, Jean-Pierre Mignard n'hésite pas à parler d'une justice d'apartheid au lendemain du verdict du tribunal correctionnel de Rennes après dix ans de procès.
Voyez comme Léa Salamé exige de Jean-Pierre Mignard à mots à peine couverts qu'il accepte une fois pour toutes, et sans condition, le verdict rendu ; qu’il s’y soumette, qu’il cesse de le contester et de le considérer pour ce qu’il est : un jugement partisan.
En effet, Léa Salamé… reviendra à la charge, une fois, deux fois, trois fois, dix fois !
Mais alors, ignore-t-elle que contre une décision de justice de nombreux recours sont possibles, en France ainsi qu’en Europe ?
Non, bien sûr : elle ne l’ignore pas. Elle l’a tout simplement oublié, tout occupée qu'elle est à contraindre un avocat à baisser les bras : « Renoncez Monsieur l’avocat ! Cédez donc ! » Car, si cet avocat a perdu une bataille, il n'a sûrement pas perdu la guerre, Oui, la guerre ! Car la Justice tout comme l’Histoire, c’est la guerre ! de tout temps… quand il est question pour les faibles d’obtenir un jugement équitable digne de ce nom ; une guerre à faire, à refaire la Justice… dont l’issue est toujours incertaine. Et c’est bien là la noblesse de ce combat : le fait qu'il soit plus souvent perdu que gagné d’avance si l’on en croit les précédents de cette bataille conduite par des héros du quotidien.
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Que l'on ne s'y trompe pas ! Le problème ce n'est pas seulement un jugement partisan qui confirme une fois encore, jour après jour, une justice "deux poids deux mesures" qui ne mérite que notre mépris… un mépris profond pour ce pouvoir régalien et notre détermination à continuer de dénoncer au mieux... un laxisme irresponsable, au pire… un parti pris tout simplement raciste…
Pas plus que le tweet de la députée FN du Vaucluse, Marion Maréchal Le Pen qui ne laisse planer aucun doute sur ce que serait la politique de son parti envers les classes populaires « chahuteuses et délinquantes » de surcroît, et particulièrement… ces classes issues de l’immigration maghrébine et sub-saharienne…
Non ! Il s’agit bien plutôt de remettre en cause la rédaction de France Inter sous la conduite d'un Patrick Cohen adepte des listes noires et de la censure, jusqu'à exercer des pressions pour obtenir le départ d'une telle ou d'un tel (Yann Moix) d'un journal ou d'une rédaction ; un Patrick Cohen commissaire politique, sûr de son bon droit, et plus particulièrement... de sa force car il se sait inconditionnellement soutenu par un appareil d'Etat impitoyable avec les dissidents.
On observera sur France culture, le matin à la même heure, le même parti pris et l'absence d'une information "contradictoire"(1). Mais est-ce un hasard ?
Porte parole de la bourgeoisie cette équipe de France Inter, et en particulier Léa Salamé face à cet avocat qui ne veut pas renoncer ? Assurément ! Une bourgeoisie née avec la révolution industrielle et ses mouroirs ; une bourgeoisie qui n’a pas renoncé, et qui ne renoncera jamais ; une bourgeoisie qui ne badine pas avec les « frasques » des classes populaires car, c’est bien cette bourgeoisie-là qui frappe à la porte de France Inter tous les matins et qui occupe l'antenne...
Pour cette bourgeoisie-là, aucun doute n’est possible : ce jugement du tribunal correctionnel de Rennes est sans tâche, propre et juste ! D’ailleurs, ce jugement n’est pas qu'un jugement : ce jugement c’est une évidence. Aussi, pourquoi s'évertuer à la contester ?
Caste médiatique qui baisse les yeux devant les puissants, les relève devant les faibles, cette bourgeoisie soutenue par une classe moyenne qui serre les fesses pour ne pas sombrer socialement (2), est grassement payée pour n'inviter que ceux que tout le monde invite - ce qui revient à bannir tous ceux que tous les autres bannissent -, et interviewer leurs employeurs délégués - ministres et premier ministre…
Une bourgeoisie américanophile, atlantiste, sioniste, néo-libérale, néo-conservatrice, mondialiste convaincu, va-t-en-guerre (excusez tous ces pléonasmes !), anti-russe, anti-musulmane, anti-iranienne, guantanamophile comme c'est pas permis (séquestration et torture)...
Une bourgeoisie qui n'a pas oublié de valider, entre deux larmes de crocodile, la mise à sac d'un Moyen-Orient aux trois millions de morts musulmans, de l'Afghanistan à la Libye depuis les événements du 11-Septembre 2001...
Et finalement, bourgeoisie peigne-cul, aujourd'hui larbin d’une oligarchie vorace.
Est-il nécessaire de préciser que vous ne trouverez pas sur France Inter, à la même heure, des intervenants autorisés à porter la contradiction à cette fine équipe ? Non, bien sûr ! A ce sujet, il serait peut-être temps que le CSA régulateur de la mort du pluralisme dans les médias, s'intéresse à cette absence d'information "contradictoire" car, cette rédaction de France Inter c’est toute la violence tranquille dont crève toutes les démocraties (3), lentement mais sûrement ; la violence d'une agonie silencieuse de la représentation du réel qui, de temps à autre, donne encore de la voix, dans un sursaut, et dont on a pu entendre l’écho… en rafale, un certain mois de janvier 2015.
1 - Analyse ICI
2 - Mépriser, minorer, voire... ignorer... les conditions de vie des classes populaires est un moyen comme un autre de vivre avec la menace d'une relégation dont on peut légitimement craindre la probabilité. A ce sujet, se reporter au dernier ouvrage d'Emmanuel Todd.
3 - Dans les années 50, Theodor W. Adorno évoquera le danger du retour d'un fascisme non pas tourné contre la démocratie mais un fascisme installé dans la démocratie.
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