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Le meilleur de Serge ULESKI : société, politique, art et culture

Etre au monde, oui ! Mais sûrement pas de Ce monde ! Plus de 18 années d’édition de billets de blog sur 20-minutes, Médiapart et Nouvelobs, aujourd'hui sur Overblog... Durant toutes ces années, sachez que tout ce qui est beau, rare, difficile et courageux ne m’aura pas été étranger ; d'où le choix de mes catégories et des sujets traités. Bonne découverte à tous !

Globalisation et fin de la démocratie : Albert Camus, quel héritage ? 

 

             Camus est à la philosophie ce que Rocard était à la politique dans ses 20 dernières années ; un Rocard qui complimentera les patrons du Medef à leur université d’été en septembre 2010 comme suit : "Vous êtes la seule expertise en connaissance du monde extérieur". 

 

Fin de parti pour cet homme très versatile, un peu trop avide non pas de gloire mais de servir, en bon fonctionnaire qu’il était même s’il n’était pas très regardant quant à ce à quoi il pouvait bien servir et qui. 

Il est vrai que l’avidité, même louable, est un aveuglement : toujours !

Reconnaissons toutefois qu’il reste quelque chose sauver de ce Rocard car on lui doit la réflexion ou bien plutôt le diagnostic suivant : « Mitterrand n’était pas un honnête homme ». 

            Pareillement, Camus est un penseur qui a pensé ce qu'il a pu comme d'autres qui ne font que ce qu'ils peuvent et qui n'y peuvent pas grand-chose. En effet, Camus, en bon nihiliste qui s'ignore ( et ses lecteurs de l'ignorer aussi) n'a pas cessé d'expliquer, fataliste, à quel point la condition humaine était absurde et sans espoir de pouvoir un jour sortir de cette absurdité puisque rien n'est possible. 

 

Certes, Camus avait raison contre les staliniens (le PC, Sartre et sa bande)... mais qui pouvait bien avoir raison avec eux, sinon les staliniens eux-mêmes, et seulement les staliniens ! 

 

Or, Camus ou pas, l'important, pour nous tous aujourd'hui, c’est bien d’être à même d’identifier au passé, au présent et au futur ceux qui sont capables (ou ont été capables) d'avoir raison contre disons un Raymond Aron (ce que Camus n'a pas su faire) et plus tard, d’un J.F Revel : deux "essayistes" obnubilés par l’actualité qui était la leur, celui du danger savemment entretenu d’une «guerre froide» telle un os donné à ronger à des intellos dits raisonnables et lucides ( Revel voyait, avec l’élection de Mitterrand à la présidence, des chars russes défiler sur les Champs Elysées ; ce qui nous renseigne sur le niveau de lucidité de tout ce beau monde) mais qui, sans vision, ont été incapables de penser la menace qui allait peser et qui pèse sur le futur ; en l'occurrence : l'après communisme ou si l'on préfère, la victoire politique et économique sans conteste du Marché et du Capital à une échelle mondiale avec pour conséquence la fin de la morale, de la justice et de la liberté ; puis la fin de la démocratie en tant que "Hope in progress"... ouvrage à remettre pourtant cent fois sur le métier !

 

Car le vrai danger est bien celui-là depuis trente ans ; un danger hautement prévisible dans le contexte d'un monde mondialisé sous la contrainte : dans la libéralisation des marchés financiers, l'hyper-mobilité des capitaux et la désintégration des processus de production ; des milliards d'êtres humains livrés à la logique d'une économie mondiale sans morale et sans esprit autre que mercantile ; individus qui, à terme, n'habiteront plus aucun monde.

 

               Comme conséquence, Camus (mais aussi Aron et J.F Revel) n'est plus cité par ceux qui ont compris ce vers quoi nous nous dirigeons ; en revanche, d'autres reviennent sur le devant de la scène comme Marx, Debord, Clouscard et Gramsci ; tous superbement ignorés par la bourgeoisie des médias ; une bourgeoisie qui se pense lucide et vigilante sous prétexte qu'elle se croit progressiste. 

Cette bourgeoisie n'a pas donc fini de nous servir du Camus (et du Aron) car Camus aujourd’hui, et d’autres encore tels que Foucault, Dérida et Deleuze, c’est… «Même pas peur !» reprennent en cœur le Medef, le CAC 40 et tous les commis et larbins locataires de l’Elysée, de Matignon et de l’Assemblée, d’un mondialiste sans honneur et sans justice.

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Pour prolonger, cliquez : Camus et Sartre, les irréconciliables 

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