Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le meilleur de Serge ULESKI : société, politique, art et culture

Etre au monde, oui ! Mais sûrement pas de Ce monde ! Plus de 18 années d’édition de billets de blog sur 20-minutes, Médiapart et Nouvelobs, aujourd'hui sur Overblog... Durant toutes ces années, sachez que tout ce qui est beau, rare, difficile et courageux ne m’aura pas été étranger ; d'où le choix de mes catégories et des sujets traités. Bonne découverte à tous !

A propos de l’effondrement moral et intellectuel des Juifs de France

Billet de blog rédigé en juin 2021

 

 

 

  Intensification de la colonisation de Jérusalem

 Gaza 2021 : 230 décès dont près d'un tiers d'enfants palestiniens

 Soit 20 Palestiniens tués pour 1 israélien

 

 

***

 

 

              Nous sommes en 2014 : ratonnade à Gaza par l’armée israélienne – nom de l’opération : Bordure protectrice ; 1861 morts en 19 jours du côté palestinien (86% de civils) ; 61 morts dans les rangs de l’armée israélienne.

 

Ici, en France, on s’active sur les réseaux sociaux ; comptages frénétiques et enjoués des victimes d’un massacre d’une population civile par nos compatriotes juifs. Ils se nomment Anton, David ou bien Alain… Chicheportiche ou Zerbib ; ils ont entre 20 et 35 ans, ils sont nés en France et n’auront pas une parole contre cette ratonnade.

 

A propos de leur indifférence, difficile de ne pas penser à une sorte de fanatisme tranquille, sûr de son bon droit. Non… au-dessus du droit ! Là où rien ne peut vous atteindre : ni la morale, ni la compassion. Et cette indifférence-là, nul doute que ça s’apprend, ça se cultive car personne ne naît à ce point indifférent au malheur des autres et à l'injustice qui les frappent, à l'exception de quelques sociopathes.

 

 

         Dans les faits, tous ceux qui côtoient cette génération au quotidien savent ce qui suit : mûrs et fins prêts pour une indifférence terrifiante ils sont tous ! Une indifférence d'un nouveau type : d'une violence contenue, incommensurable, d'une froideur de vainqueur d'une arrogance sans précédent ; une indifférence viscérale pour le sort que l'on réservera à celui qui contrarie vos ambitions, au-delà de tous les droits rattachés à la personne humaine, par-delà le bien et le mal, ailleurs, plus haut, plus loin ; indifférence qui ne peut avoir pour origine la garantie d'une impunité totale, absolue.

 

De jeunes monstres froids donc très tolérants à condition de partager avec eux leur haine envers tous ceux qui se permettent de juger la politique, les agissements d'un Etat pourtant étranger ; un Etat nommé Israël, théocratie militaire de type nationaliste et racialiste, impérialiste et colonialiste dont il n'y plus rien à sauver depuis 1967.

 

D'eux tous, on ne compte plus les barbecues, les réjouissances - fêtes et comas éthyliques - à propos de la casse du Moyen-Orient depuis 2001 par les USA (avec la complicité de l'Europe) pour le plus grand bénéfice d'Israël et de l'Arabie saoudite ; casse aux millions de morts et de déplacés ; et plus récemment encore, au sujet du dernier « plan Trump-Netanyahou », dit « plan de paix » ; autre scandale à la fois moral et juridique au regard du droit international.

 

En ce qui concerne les affaires d'agressions sexuelles d'un Strauss-Kahn, d'un Weinstein, d'un Polanski, on retrouvera ce même soutien massif d'une nature communautaire : 99% de soutien en leur faveur sur les sites de la communauté juive ; groupes Facebook ; côté médias : le magazine Causeur en particulier - magazine national-sioniste (1).

 

          La question posée, une réponse de Yeshayahou Leibowitz, considéré comme l'un des intellectuels les plus marquants de la société israélienne, surgira d'outre-tombe et s'imposera car cet auteur avait compris (Judith Butler, Finkelstein, Israël Shahak et George Steiner avec lui) que dans chaque culture, dans chaque Peuple, dans chaque civilisation, sommeille une indifférence non pas violente et chaude, mais paisible et froide à l’injustice, au droit, à la morale et pour finir… au crime... crime de masse.

 

Mais alors, sérieusement, y a-t-il encore du monde pour s’interroger à propos de la rafle du Vél’d’Hiv, 72 ans après ?

 

La réponse, aujourd’hui, nous l’avons, là, sous nos yeux, partout ! Il suffit de tendre l’oreille ; dans les entreprises aussi ; dans les ricanements de milliers d’internautes derrière leur écran d’ordinateur à propos du Peuple palestinien maintenant sous les bombes ; et puis aussi, et puis surtout : dans les médias… là où aucun journaliste ou éditorialiste est capable de dire « Assez !» à propos de la politique coloniale et impérialiste de l'Etat d'Israël - crimes commis sur une population sans défense : pour ce journaliste ce sera la porte illico presto et la fin de sa carrière.

 

La pathologie décrite ne peut avoir qu’une seule origine : la non-transmission d’un héritage européen - celui des Lumières et de son humanisme : compassion et pardon - avec l’introduction d’un corps étranger à notre Europe, celui d’une idéologie déterminée à remettre en cause la nécessité d’une conscience morale intransigeante quand il est question du traitement des êtres humains : le judéo-sionisme.

 

           

Une fois de plus : que ceux qui s’interrogent encore à propos de l’indifférence qui a accompagné la rafle du Vél’d’Hiv en 1942, ne cherchent plus la réponse car c’est bien de la même indifférence qu’il est question vis-à-vis du sort injuste et cruel fait aux Palestiniens, à cette nuance près : le sort des palestinien est une cause entendue mondialement depuis 50 ans ; la rafle de juillet 42 n’a offert qu’une dizaine de minutes à tout un chacun pour prendre une décision : s’y opposer, secourir ou bien regarder ailleurs. La morale est ironique, autant que l’histoire et son balancier ; manifestement, les Tartuffe, on ne les côtoie pas qu’en religion ; et la vérité de soi et sur soi est toujours aussi cruelle qu’insupportable et pourtant, elle est le plus souvent, la même pour tout le monde.

 

          Des porte-parole très médiatisés pour lesquels le soleil se lève et se couche avec ce pays hors la loi qu'est Israël (BHL ;  un Zemmour qui n’est jamais que la continuation de la guerre d’Algérie par d’autres moyens ; P. A Taguieff, Finkielkraut, E. Lévy, Goldnadel, hystériques à propos de ce qu'ils considèrent être la "menace musulmane", en représentants de l'extrême droite national-sioniste en France ; et sans doute aussi des rabbins) ont conduit plus d'une génération de Juifs français ou de Français juifs à la déshumanisation tranquille et sereine, quasi systématique tel un réflexe, de plusieurs millions d'êtres humains qui n'ont à leurs yeux qu'un droit et qu'un devoir : aller voir ailleurs si ça se fait d'être palestiniens en Palestine ; or, il se pourrait bien que cette génération soit en passe d’occuper non pas la première mais bien la dernière des places sur un plan moral ; une génération libre jusqu’à l’impunité, libre mais sans excuse car...
 

Elle savait tout cette génération devenue adulte dans les années 2000 ! Elle avait entre 20 et 35 ans et elle savait tout et elle a tout cherché à nier, le mors aux dents, sans grimace, sans regrets et sans remords... imperturbablement indifférente.

 

             Aussi, il faudra bien qu’un jour on se décide à s’interroger à propos de l’indifférence des Juifs de France, et la violence de cette indifférence et des propos qui l’accompagnent, face au sort du Peuple palestinien : pas une once de compassion ; pas une once de questionnement moral ; indifférence à la racine de laquelle on trouvera un judéo-sionisme antihumaniste d’un cynisme inégalé en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale ; ce qui n’est pas sans rappeler nos heures les plus sombres. 

 

N'hésitons pas à parler le plus sérieusement du monde, à nouveau, d’une pathologie grave car ceux qui connaissent bien cette communauté auront constaté que les commentaires sur les réseaux sociaux sont l’exact reflet de ce qui est pensé par cette communauté, et ce dès le plus jeune âge. Or, ceux qui interviennent sur ces réseaux sont nés en Europe ! Doit-on alors parler de « sécession d’ordre moral » délibérée, un peu à l’image des différents corps de notre société qui ont choisi de ne plus se soucier du sort de leurs concitoyens : médias, classe politique, classes moyennes supérieures, classes supérieures, ainsi que d’une grande partie de la police et des acteurs économiques ?

 

Quant à dater cette sécession morale, cette rupture… sans doute doit-on évoquer les années 80 car si les rabbins ont dé-serré l’étau sur leurs ouailles, contraints et forcés (depuis la Révolution française), d’autres ont œuvré pour le retour des Juifs dans le ghetto ; là où meurt toute ambition d’émancipation et de partage de valeurs universelles en lien avec la dignité humaine et la justice des conditions d'existence : Bernard-Henri Lévy est sans aucun doute la figure de proue de cette anti-universalisme de forcené. 

 

On pourra aussi se reporter à la page Facebook du magazine Causeur dirigée par E. Lévy ainsi qu’aux commentaires postés.

 

             Aussi, on en peut que constater que quelque chose quelque part s’est effondré dans cette communauté ou bien quelque chose a resurgi ; si c’est soit l’un ou soit l’autre, il pourrait bien s’agir à la fois de perte et de résurgence (les ouvrages de Karl Marx, de Bernard Lazare, d’Israël Shahak, de Shlomo Sand et de Judith Butler sont éloquents sur ce sujet).

 

 

 

           Alain Finkielkraut, académicien, producteur sur France Culture (2) qui a épuisé depuis longtemps tout crédit anti-raciste, complotiste adepte de la théorie du « grand remplacement » chère à Renaud Camus, virulent contre le combat anti-raciste et contre le combat pour les droits de l'homme (anti-féministe aussi parce que... pourquoi faire les choses à moitié !)... incarne plus que tout autre, ce délitement moral et intellectuel maintenant à son apogée car si les médias font une haie d'honneur à ce Finkielkraut distillateur de haine, si ces médias n'ont de cesse de dérouler un tapis rouge à son sujet tout en prenant soin de ne jamais s'adresser au « Finkielkraut complotiste et hostile à l'anti-racisme et aux droits de l'homme» qu’il est, c'est que ces médias se voient forcés et contraints de ne prendre en considération que  Finkielkraut « le Juif » car jamais ces médias ne pourront valider cet individu pour « CE qu'il est » ni le confondre à ce sujet ; reste alors une seule option : essentialiser ce prêcheur de haine en habit vert ; le réduire à son origine ethnique seule. 

 

Flatté, choyé, adulé... orgueil et vanité, Finkielkraut n'a donc pas compris que toute cette attention bienveillante des médias à son sujet, que ce tapis rouge déployé, c'est son étoile jaune - une étoile jaune gage de sa respectabilité - qu'il est allé chercher sur les plateaux-télés auprès de médias trop contents de la lui remettre cette étoile jaune, des décennies après le retour d'une République soucieuse, et nous tous avec elle, de la lui ôter. Ironie de l'Histoire.

 

Précisons aussi ce qui suit : les médias ont fini par valider l'idée qu'aujourd’hui, en France, si vous n'êtes pas racistes et islamophobes, vous êtes antisémites : « Vous refusez de "taper " sur les Musulmans et les anti-racistes ? Tant pis : on fera de vous des antisémites. »

 

Les Gilets jaunes en savent quelque chose, eux qui ont toujours refusé de placer l'immigration et les Français issus de notre histoire coloniale au centre de leurs préoccupations. 

 

 

              Aussi, il est vraiment temps que la communauté juive de France fasse le ménage dans ses rangs : et pour commencer, il n'est plus acceptable que la parole raciste dans les médias - que les figures de proue de cette parole de haine contre l'Arabe, l'Africain et le Musulman ( et contre leurs soutiens venant de la gauche principalement) qui réclame justice, qui n'accepte plus les discriminations, qui refuse de baisser la tête et ade se taire - soit le fait d'un Zemmour, d'un Finkielkraut, d'une E. Lévy ou d'un Goldnadel et de combien d'autres sur France Culture, sur Cnews et partout ailleurs, et ce dans l'indifférence générale !

 

Car l'urgence est là, bien là et nulle part ailleurs si la France a quelque chance de rester unie (dans la diversité) face aux défis qui n'ont de cesse de nous alerter et de nous mobiliser : justice des conditions d'existence.

 

 

***

 

Au terme de ces soixante dernières années... il faudra bien se résoudre au constat suivant : la création de l'Etat d'Israël (et sa "gestion") aura été le tombeau intellectuel et moral de toute une communauté. 

Faut-il y voir là un nouvel exemple de ce qu'est l'ironie de l' Histoire, de ce dont elle est capable... ironie qui n'épargne aucun peuple, aucune nation... ironie cruellement tragique ?

 

 

 

1 - National-sionisme : la société israélienne comme modèle de société politique ; gestion militaire des départements français à forte implantation musulmane (équivalent de la gestion par Israël des « territoires occupés ») ; institutionnalisation (étatisation) d’un mode d’organisation sur le modèle de l’apartheid pour les classes populaires originaires de notre « ancien empire colonial » ; Netanyahu comme modèle de dirigeant politique : crapulerie et cynisme d’une injustice et d’une cruauté d’un autre âge comparés aux standards européens de ces 70 années passées.

 

2 - Alain Finkielkraut (sur France Culture tous les samedis matin) déclarera au moment de la remise du "Rapport sur les banlieues" commandé à Jean-Louis Borloo, ce qui suit : « Dans cent ans, les historiens pourront nous expliquer comment notre civilisation a investi des milliards dans son propre anéantissement. » 

Il s'agissait bien évidemment des départements dans lesquels les populations arabes, musulmanes et africaines sont numériquement dominantes mais socialement et économiquement à terre.

Les propos de cet académicien ne seront jamais dénoncés. Leur auteur ne sera jamais poursuivi.
 

 

Pour prolonger : texte dans son intégralité  - cliquez  Quand Narcisse rencontre Sisyphe

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article