Etre au monde mais sûrement pas de Ce monde !........Quinze années d’édition de billets de blog sur 20-minutes, Médiapart et Nouvelobs sont réunies ici. Durant toutes ces années, sachez que tout ce qui est beau, rare, difficile et courageux ne m’aura pas été étranger ; d'où le choix de mes catégories et des sujets traités.
1 Mars 2023
Billet rédigé en Mars 2022
Ce mercredi 2 mars...
... dans l'indifférence des médias ; seul le SNJ (syndicat de journalistes) à la fin du mois de février avait déploré la menace de cette interdiction.
Ironie de la situation : avant son interdiction, RT France seule ( financé par l’Etat russe) donnait accès aux analyses les plus riches, les plus exhaustives, les plus diversifiées sur le pourquoi de la crise russo-ukrainienne de ces huit dernières années et le rôle des USA dans cette crise.
Saluons toutefois le travail d’André Bercoff sur Sud-Radio qui a le souci d’inviter des interlocuteurs suffisamment « libres » pour se permettre d’évoquer les véritables tenants et aboutissants de cette crise finalement… russo-étasunienne dont l’Europe sortira perdante.
Que la gauche ( que nous à gauche) ait aujourd’hui besoin de Sud-Radio, qui l’eût cru ?
D'où l'importance capitale qu'est la protection et la garantie d'un authentique pluralisme médiatique.
Unanimité dans tous les médias contre Poutine depuis 20 ans...
Si un seul commentaire nous est proposé à propos de la Russie, c'est tout simplement parce qu'il n'y a pas de carrière, pas de chèque en fin de mois, pour tous ceux qui pensent que "Poutine c'est bien" et "l'Otan c'est mal !"
Emmanuel Todd en 2014 à propos de l'Ukraine et de la russo-phobie
A propos de RT France, aujourd'hui, c'est le silence parmi les salariés des médias d'Etat et ceux de nos milliardaires, tous terrorisés à l'idée de défendre l'importance pourtant capitale qu'est la protection et la garantie d'un authentique pluralisme médiatique, et ce de peur de perdre leur emploi.
Même si cette situation ne surprendra personne... on n'oubliera pas ce silence et ce refus de défendre la vérité des faits.
Faut dire que Frédéric Taddéi, courageux mais pas téméraire, s'était déjà retiré de RT France, média qui l'emploie ; raison invoquée : "... par loyauté envers mon pays", alors que sa loyauté envers son métier de journaliste aurait été de se maintenir jusqu'au dernier jour et de garantir un pluralisme qui fait cruellement défaut aujourd'hui quant aux analyses que les médias peuvent proposer à leurs audiences à propos de la crise russo-étasunienne.
D'autre part, rappelons que la Commission européenne, l'Etat français ainsi que les opérateurs téléphoniques (Bouygues, Free, Orange...) ne sont légalement aucunement habilités à interrompre la diffusion d'un média quel qu'il soit.
Pétition contre la suspension de RT France ICI
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Pour rappel et pour mémoire... un peu d’Histoire… face à un nouvel effondrement du journalisme ; cette fois-ci à propos du conflit russo-etasunien ( et non russo-ukrainien ; l’Ukraine n’étant que le terrain choisi par les USA pour cette confrontation) :
En Octobre 2000 Poutine, nouvellement élu à la tête de la Russie, exprimait son voeu de voir la Russie membre à part entière de la communauté européenne dans un avenir proche.
Depuis... les USA, par le truchement de l'Otan, avec la complicité de l’U.E ne cesseront pas de lui signifier qu'il ne saurait en être question.
Faute de dirigeants d'envergure en Europe - dirigeants soucieux de son destin et de ses perspectives de développement et d'influence en toute indépendance - les USA saboteront en toute impunité, sans vergogne, tout projet de rapprochement avec la Russie ; sabotage qui en rappelle un autre ; celui qui fera échouer le projet de de Gaulle à propos d'une alliance franco-germanique (négocié avec le chancelier Adenauer) en 1963 ; alliance qui, dans son esprit, n'avait qu'un but : se libérer de la tutelle anglo-américaine.
La pression des USA exercée sur l'Allemagne aura sur le fond et en grande partie raison de cette alliance.
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Ce qui est reproché à Poutine depuis 20 ans :
- Avoir refusé que l'on vole (l'oligarchie mondialiste sans frontière) à la Russie son gaz et son pétrole...
- Refusé de mettre à la disposition du Capital européen une main d"oeuvre russe à 400 euros/mois...
- Refusé de ne pas répondre favorablement à la demande d’asile de Snowden…
- Refusé que la Russie soit marginalisée sur la scène internationale…
- Refusé de quitter le Moyen-Orient au profit d'Israël et de l'Arabie saoudite.
Chers lecteurs, voyez comment un média traite Poutine et vous saurez pour qui ce média roule.
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Avec la fermeture de RT France que vous avez, vous médias, soutenue ( qui ne dit mot consent !), seuls deux acteurs médiatiques sont encore capables de nous proposer des analyses pertinentes sur la crise russo-étasunienne (accessoirement "crise russo-ukrainienne" ; l'Ukraine qui est à Poutine ce que le Koweït était à Saddam Hussein... que les USA encouragèrent à envahir pour mieux détruire son régime et toute une région)…
Deux acteurs donc : André Bercoff sur Sud-radio et Cnews avec Pascal Praud qui est le seul à donner la parole à la documentariste Anne-Laure Bonnel à propos du Donbass, région de l'Ukraine russophone à 95% ...
On ne vous pardonnera pas de sitôt d'avoir abandonné votre métier de journaliste à une médiacratie proche de la droite dure (A. Bercoff)... et à un commentateur de matches de foot (P. Praud).
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La France doit prendre trois décisions dans les meilleurs délais :
Quitter l’Otan…
Dénoncer les agissements de l'Otan, organisation terroriste, aux millions de morts musulmans, millions de déplacés dans le cadre d'une instrumentalisation de l'Islam... de ces trente dernières années...
Demander que soient jugés Bush , Obama, Cameron et Sarkozy… (on peut toujours rêver !)
Dénoncer les provocations de l’Otan contre la Russie ; Otan qui n'a donné aucune raison à Poutine de se comporter autrement...
Et enfin : proposer un véritable partenariat à la Russie dont les modalités et garanties restent à définir.
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A propos des événements russo-ukrainiens, ou bien plutôt de la crise russo-étasunienne, rappelons ce qui suit au sujet des motivations des USA qui ne veulent pas partager le monde, et ce sous aucun prétexte :
- Isoler la Russie, la couper de l'Europe pour longtemps ; ce faisant... isoler cette même Europe (l’U.E principalement), l’affaiblir (ce qui a toujours été une priorité pour les USA depuis la chute du Mur)… en lui interdisant toute ambition géo-politique comme, par exemple, la constitution d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural.
- Provoquer une crise susceptible d’inciter d’autres pays européens de l’Est de l’Europe à demander à intégrer l’Otan…
- Voler aux Russes le marché de l'approvisionnement en Gaz de l'Europe…
D'une pierre deux coups... mettre en difficulté l'Europe dans ses approvisionnements énergétiques afin de contrôler sa croissance ; sa santé économique ; l'Europe demeurant le principal concurrent économique des USA.
Pas de crise russo-ukrainienne sans les manoeuvres des USA depuis 2014.
L’Otan sortira de cette crise plus forte d’un point de vue politique ; les USA d’un point de vue économique (et politique) ; Poutine d’un point de vue et militaire et économique : le contrôle du grenier céréalier de l'Europe qu'est l'Ukraine.
On l'aura compris : L'EUROPE (l' U.E en particulier) SERA L'UNIQUE ET GRANDE PERDANTE économique et politique ; ce qui est logique puisqu’à la tête de l’ E.U et de ses Etats-membres, on n’y trouve peu ou prou que des salariés directs et indirects de l’Otan, des USA, de la Banque et plus généralement de l’Oligarchie mondiale qui fait et défait les carrières.
Nous payons très cher, en Europe, l’absence de chefs d’Etat d’envergure internationale, non carriéristes... soucieux des intérêts propres au Continent européen - intérêts menacés principalement par les USA : l'Europe aurait dû faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle respecte les accords de Minsk (l'Allemagne et la France étaient les garants de cet accord) et s’opposer à l’instrumentalisation par les USA du sentiment anti-russe en Europe de l’Est.
Tous sont passés par Washington.
L’Ukraine de Poutine c’est le Koweït de Saddam Hussein dont les USA encouragèrent l’invasion… avec les conséquences que l’on sait sur toute une région aux millions de morts et de déplacés parqués aux portes de l’Europe.
Les USA c’est aussi la menace sur tout le système financier européen en 2008 ; le racket de notre industrie et la corruption de nos ministres et de nos politiques aux fins de rachat des entreprises françaises concurrentes et leaders.
Car quiconque oublie (ou feint d’oublier) de placer les USA au centre de cette crise passe à côté de l’essentiel ; les USA (responsables du coup d’Etat en Ukraine voilà six ans) ont tout fait pour que Kiev ne respecte aucun des termes des accords de Minsk provoquant ainsi l’intervention de la Russie : l’agressé devient alors l’agresseur – on pourra se reporter aux manœuvres et interventions américaines au Moyen-Orient à propos de l’Irak dans un premier temps puis à propos de toute une région – Libye incluse - de ces 20 dernières années ; on retrouve à nouveau l'idée d'instrumentalisation - l'Islam en ce qui concerne cette région.
La prochaine cible US est la Russie de Poutine... au détriment d'une Europe maintenant sans perspectives, enclavée, au statut confirmé de vassale et de supplétive de l'Otan et des USA.
Dans un certain sens, on peut dire que c’est les USA qui détruisent l’Ukraine.
Ci-dessous, une histoire de l'Ukraine de ces 20 dernières années ; période qui explique en particulier la situation actuelle :
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A la tête de l'Ukraine, un ex-comique-troupier ; à la tête de la mairie de Kiev, un ancien boxer médaillé mondial... entourés par la CIA et les réseaux Soros...
De quoi doit-on alors s'étonner ?
Après un coup d'Etat, le Président pro-russe, démocratiquement élu, ayant dû fuir - souvenons-nous du mouvement Maïdan en 2004 : les balles qui ont pris pour cibles les manifestants et les membres des forces de police du Régime en place venaient des mêmes armes - c'est un gouvernement d'extrême droite nationaliste et suprémaciste-blanc anti-Russe (pour cette droite, les Russes sont des non-blancs) que les USA installeront en 2014 ; cela leur aura coûté 5 milliards de Dollars de l’aveu même de la NSA.
Elu cinq ans plus tard en 2019, rappelons que Zelensky président de l'Ukraine ( pays à propos duquel tous les milieux d'affaires s'accordent à dire qu'il n'y a pas d'Etat de droit depuis 6 ans - BFM-business le 4 mars 2022 - en Ukraine, les appels d'offres sont de véritables appels aux bakchichs) est un comédien, une sorte de Coluche ukrainien ; avant son élection, il faisait profession d'humoriste satiriste ; aussi, l'élection de ce personnage aura été une véritable aubaine pour les USA dont il est la marionnette sans soupçonner un seul instant à quel point le sort de l'Ukraine importe peu au Pentagone.
La nouvelle cible de Washington (maintenant que le Moyen-Orient est détruit pour le plus grand bénéfice de l’Arabie Saoudite et d’Israël) : la Russie.
Car, pour que ce petit homme ait fait preuve d’une telle arrogance vis-à-vis de la Russie depuis son élection en refusant d’appliquer les accords de Minsk (dont l’Allemagne et la France étaient pourtant les garants – ils ne sont pas intervenus) tout en continuant de bombarder le Donbas (dont la population est considérée par les Ukrainiens de Kiev et de l'Ouest comme des citoyens de seconde zone, voire des infra-humains parce que proches des Russes) sécessionniste (région russophone à 95% - 13000 de ses habitants sont morts sous les bombes des gouvernements successifs de Kiev depuis 8 ans) c’est qu’il s’est senti intouchable car protégé par les USA ; or, Zelensky commet là une grave erreur ; le sort de l’Ukraine n’intéresse pas les USA ; l’Ukraine de Poutine pour les USA… c’est le Koweït de Sadam Hussein dont ils encouragèrent l’invasion pour mieux mettre fin à son régime et détruire toute une région aux millions de morts et de déplacés.
Même s'il en sera sans doute autrement avec la Russie, il n'en demeure pas moins qu'il est bien là question de mettre hors-jeu les Russes pour un long moment quant à leur influence, tout en isolant l'Europe.
Anne-Laure Bonnel à propos du Donbass,
région de l'Ukraine russophone