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Le meilleur de Serge ULESKI : société, politique, art et culture

Etre au monde, oui ! Mais sûrement pas de Ce monde ! Plus de 18 années d’édition de billets de blog sur 20-minutes, Médiapart et Nouvelobs, aujourd'hui sur Overblog... Durant toutes ces années, sachez que tout ce qui est beau, rare, difficile et courageux ne m’aura pas été étranger ; d'où le choix de mes catégories et des sujets traités. Bonne découverte à tous !

OUBLIER ALBERT CAMUS AVEC LOUISA YOUSFI ET OLIVIER GLOAG

 

Entretien ICI

 

Si Camus est un grand auteur... c'est du moins ce qu'affirme son fan club composé d'universitaires-chercheurs et de simples lecteurs, alors, il y a bien évidemment plusieurs lectures possibles de l'oeuvre de Camus et de l'homme derrière et au côté de son oeuvre.

Gloag a le mérite de dénoncer le fait que l'oeuvre de Camus est aussi une oeuvre dans laquelle les salauds racistes, colonialistes et racialistes peuvent s'y retrouver sans honte ni culpabilité.

Idem, soit dit en passant, pour les anti-staliniens et les anti-communistes.

Ce qui nous a été asséné à propos de l'oeuvre de Céline a épargné celle de Camus.

Céline l'antisémite ; en revanche, à propos de Camus le colonialiste, partisan du maintien de la colonisation de l'Algérie, quiconque souhaite nous le rappeler devra faire face à un déni d'une violence qui, dans les faits, confirme et valide la thèse de ceux qui s'y risquent : Gloag le dernier en date.

Ce qu'il faudra néanmoins préciser à la décharge de l'auteur Camus c'est le fait qu'il ne soupçonnait pas cette lecture possible et tout à fait pertinente de Gloag.

Camus avait aussi quelques lacunes ; Camus, l'anti-Sartre n'avait pas le niveau de formation de ce dernier ; Camus n'était manifestement pas outillé "conceptuellement" pour penser " le colonialisme" ; sans doute n'avait-il jamais lu Césaire, Fanon... ses contemporains pourtant...

Etait-ce raisonnable d'en faire l'économie ? Camus ne pouvait pas ne pas soupçonner leur existence.

Notons au passage que l'origine sociale de l'un et de l'autre conditionnera leur trajectoire divergente respective ; par exemple... le fait que Camus avait besoin de ce prix Nobel et Sartre non.

Il est vrai que Camus a passé beaucoup de temps sur Nietzsche dont l"oeuvre, là aussi, permet de justifier nombre d'injustices et de crimes au nom de l'intérêt supérieur des êtres supérieurs ; avec le recul qui est le nôtre, Camus aurait évidemment été bien plus avisé, étant donné ses origines et l'environnement qui aura été le sien, de consacrer ses heures précieuses à l'oeuvre des auteurs qui ont, non pas pensé le colonialisme, mais bien plutôt expliqué son origine, ses motivations et le caractère dévastateur sur la psyché du colonisé et sur le colon - (à ce sujet, se reporter aux premiers écrits d'Orwell ; à ses années en Birmanie).

Et si, finalement, Camus avait lui-aussi craint la vérité comme tant d'autres qui ont pu craindre la culpabilité et alors qu'il est trop, bien trop tard, et qu'il ne vous reste plus que les remords ?

Aller savoir.

 

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