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Le meilleur de Serge ULESKI : société, politique, art et culture

Etre au monde, oui ! Mais sûrement pas de Ce monde ! Plus de 18 années d’édition de billets de blog sur 20-minutes, Médiapart et Nouvelobs, aujourd'hui sur Overblog... Durant toutes ces années, sachez que tout ce qui est beau, rare, difficile et courageux ne m’aura pas été étranger ; d'où le choix de mes catégories et des sujets traités. Bonne découverte à tous !

François Ruffin et le blues d'une soumission à la moyenne et grande bourgeoisie

         Ce qui gêne chez Ruffin c’est le fait qu’il EST ultra-compatible ; tous l’aiment… de France Culture à CNEWS car il ne gêne personne excepté la Gauche, notre Gauche… authentiquement de gauche…  cette Gauche qui devrait être la sienne.

Mise en danger, prise de risque… on ne sent pas, on ne voit pas où est le courage chez Ruffin d’autant plus que dans l’environnement politico-médiatique et communautaire (on pensera au lobby israélien principalement ; on pourra mentionner le lobby islamiste même si son influence est purement locale faute de poids économique, médiatique et politique)… dans cet environnement qui est le nôtre aujourd’hui à notre corps défendant… jamais le courage n’aura été aussi nécessaire car sans courage rien d’important ne peut être ni dénoncé ni accompli.

 

A propos du dernier documentaire signé François Ruffin et Gilles Perret - « Au boulot ! » - … rappelons que toutes les Gauche connaissent les métiers représentés ainsi que les conditions de travail qui s’y rapportent ; toutes les Gauche, classes populaire et moyenne, l’électorat du RN aussi… d’autant plus que ces métiers sont les leurs.

Précisons – inutile de feindre l’ignorance à ce sujet – que le public (tendance franchement groupie) des films de Ruffin est âgé entre 30 et 60 ans ; il vote à gauche depuis qu’il est majeur ; aussi, on peut légitimement penser que les films de Ruffin n’apporteront à ce public pas grand-chose sinon un regain de légitimité et de pertinence quant à leurs opinions - et leur engagement pour les plus militants et les plus engagés d’entre eux ; ce qui, après réflexion n’est pas rien finalement ; c'est bon pour leur égo : « Ruffin a raison... on doit se soucier de ces gens sans lesquels la France ne pourrait pas fonctionner ; c'est pour ça qu'on vote à gauche ; c’est sûr ! On est des gens bien ».

Mais alors, à qui Ruffin… Ruffin et ses productions cinématographiques s’adressent-t-ils ?

En passant… rappelons ce qui suit : « L’émotion est le pire des mensonges pour quiconque souhaite éclairer la vérité » - copyright votre serviteur ; aussi, contrairement à ce que Ruffin et Perret souhaitent nous faire savoir… ce qui est inacceptable à propos de Gaza, ce n’est pas simplement le fait que les bombes israéliennes sont sans pitié pour toute vie palestinienne – enfants en particulier - mais bien plutôt le fait que ces bombes puissent être légitimes et jugées comme tel par 90% des médias et 75% de la classe politique ici, chez nous, en France… France de Montesquieu, de Diderot, de Hugo, de Jaurès, de Jean Moulin, de Bernanos et d’Aimé Césaire…

Dénoncer cette unanimité lâche et veule de la classe médiatique et politique… là est le courage car c’est là que les ennuis commencent avec pour conséquence la mise en danger de son existence d’un point de vue matériel – voire physique - : carrière, emploi, réputation.

Dénoncer cette bourgeoisie du quotidien ( cadres, dirigeants des entreprises, personnel des médias, des ministères et de la politique) et pas seulement les 1% les plus riches… montrer les visages, les nommer… bourgeoisie dont le standing repose sur le soutien à des politiques cruelles..  tout en rappelant à quel point cette bourgeoisie parasitaire est nocive et sans morale, là encore… cela nécessite détermination et courage.

Un documentariste s’y est attelé : il a beaucoup et longtemps gêné. Son nom : Pierre Carles.

La politique c’est un combat ; dire la vérité aussi. Rien à voir avec un docu bon-enfant et ultra-compatible car rien ne remplacera la nécessité de créer le malaise, de représenter un danger, de susciter le rejet -  voire la haine…

Mais alors… que penser d’un documentaire qui ne gênera personne ; un documentaire  qui sera validé sans difficulté par une bourgeoisie qui prospère sur le dos de tout le personnel des métiers que Ruffin souhaite célébrer comme on célèbre le sacrifice d’une armée pour le bien d'une Nation encore ingrate pour l’heure.

Ruffin a la prétention de ré-insérer socialement les riches ( non ! on ne se moque pas !)… et pour peu qu’ils l’aient été un jour… insérés et soucieux du sort de ceux sur lesquels repose pourtant tout le poids de leur richesse, mais uniquement en labeur et en sueur… qui plus est… sang et eau, corps et biens sous d’autres tropiques.

Mais alors… retour des marraines de guerre auprès des forçats du salariat ? Retour du patronage et de la charité ? Retour des deniers du culte… cette fois-ci… culte du travailleur qui a du mal à finir son mois ?

Finalement Ruffin est un anti-politique et un anti-intellectuel ; il refuse la confrontation ; il refuse d’exposer au grand jour les véritables motivations des acteurs de cet environnement politico-médiatique et communautaire décrié précédemment. Ruffin prêche la réconciliation ; il prend la compassion pour de l’action ; la parole pour un bras levé et un poing rageur ; il lâche la proie pour l’ombre… tout en brillant plein feu.

Ruffin que l’on dit « dépressif chronique » a le blues d’une soumission à la moyenne et grande Bourgeoisie  : « Si seulement les riches pouvaient en lâcher un peu et les salariés se soumettre sans trop perdre la face … comme en catimini ! » car Ruffin a renoué avec sa classe sociale : la petite bourgeoisie de province des dites " Trente glorieuses" qui a toujours cultivé le syndrome du larbin : 

« Au fond…

- Oui Madame…

- Au fond…

- Mais… tout au fond alors?

- Oui, aussi…

- "Tout au fond" vous disiez donc…

 - Oui, au fond, tout au fond, les riches ne méritent-ils pas d’être riches ? Euhhhhhhh… ?

- Oui Madame. Mille fois oui ! Là, je vous rejoins Madame avec ferveur, fiévreux et...

- Ah ! Pas touche !».

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On pourra regretter que Blast n'ait pas cherché à indisposer ces deux larrons Ruffin et Perret. Le publi-entretien - tel un publi-reportage - ne devrait pas être une option pour les sites dits de "contre-information" ou de "ré-information" même si c'est trop souvent le cas, hélas.

Tout le monde devrait accueillir la critique comme un devoir et un droit... un peu comme une punition salvatrice ; on apprend tellement face à ses contradicteurs... ne serait-ce que pour mieux leur donner tort avec pertinence et efficacité.

Avoir raison est un sport de haut niveau même face à ceux qui ne peuvent qu'avoir tort : le niveau de perversité de nos adversaires, de nos ennemis est inédit. Sans vouloir être alarmiste, sachons reconnaître que cette perversité, fruit d'un cynisme paroxystique, qui consiste aussi et surtout à faire passer les bourreaux pour les victimes, à prendre les effets pour les causes... présage le pire pour nous tous qui refusons de céder quoi que ce soit à cette perversité.

 

 

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