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Le meilleur de Serge ULESKI : société, politique, art et culture

Etre au monde, oui ! Mais sûrement pas de Ce monde ! Plus de 18 années d’édition de billets de blog sur 20-minutes, Médiapart et Nouvelobs, aujourd'hui sur Overblog... Durant toutes ces années, sachez que tout ce qui est beau, rare, difficile et courageux ne m’aura pas été étranger ; d'où le choix de mes catégories et des sujets traités. Bonne découverte à tous !

Christiane Taubira sort de son silence et sombre irrémédiablement

 

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              Après l'attentat de Nice, Christiane Taubira est sortie de son silence (1) : elle a pris la parole sur Facebook. Après un hommage rendu aux victimes, elle s’est empressée de voler au secours de François Hollande et de Manuel Valls.

Taubira préparerait-elle son soutien à la candidature et à la ré-élection de Hollande ? Une réponse par l’affirmative s’impose. Et c’est bien là que le bât blesse.

Dénonciation des attentats et de ce qu’elle identifie comme une tentative de récupération politique de la droite (et le PS alors ?), hommages aux victimes...

                  "Mais enfin, où étiez-vous Madame Taubira quand Hollande (avec le soutien et la complicité de Fabius et de Valls), a soumis la politique étrangère de la France aux intérêts des USA, d'Israël et de l'Arabie saoudite ? Où donc ?

Dans le premier et le second gouvernements de François Hollande, vous étiez Madame !"

               Larmes de crocodile que celles de Madame Taubira ? Ou bien l'aveu d'une inconséquence totale ?

 

 

1 - Dans ce billet, il est question de rendre justice à Christiane Taubira comme on rend un jugement : ce qui peut l’innocenter et ce qui la condamne en tant que personnage public, politiquement engagé.

Dénoncer Taubira aujourd'hui, c’est aussi défendre tous les auteurs qu'elle revendique.

 

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              Brillante candidate à la présidentielle de 2002, rapporteuse de la loi du 21 mai 2001 qui reconnaît enfin que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien constituent un crime contre l'humanité, garde des sceaux du gouvernement Ayrault et Valls, si Christiane Taubira a pu être un jour une de nos dernières intellectuelles engagées, dans les replis sinueux de son cortex cérébral, de circonvolution en circonvolution, Christiane Taubira n’aura eu de cesse de creuser son sillon durant quatre longues années, de la solidarité gouvernementale au renoncement, du renoncement à la soumission, de la soumission à l'asservissement car bien avant son opposition au projet de loi constitutionnelle de la déchéance de nationalité et de la remise en cause du « droit du sol » qui provoquera son départ du gouvernement Valls, on pouvait déjà assister aux manifestations de flics dans les rues, à des avocats faisant la grève de l'aide juridictionnelle ; plus tôt en février 2015, des enfants et leurs parents arrêtés à l'occasion d'une traque contre les "anti-Charlie" ;   une mineure de 14 ans a été mise en examen pour apologie du terrorisme ; un adolescent de 16 ans a été placé en garde à vue ; un homme de 34 ans, qui avait fait l'apologie des frères Kouachi lors de son arrestation en état d'ivresse ; ainsi que des dizaines de procédures ouvertes pour "apologie" du terrorisme.

Vinrent ensuite la confirmation par la Cour de cassation du caractère illégal de la campagne BDS (boycott d'Israël), la France demeurant le seul pays au monde où une telle interdiction est posée, puis les persécutions judiciaires de Dieudonné et d'Alain Soral qu'aucune justice en Europe se cautionnerait ; des « affaires » qui n'avancent pas (comme si l'Etat PS gardait sous la main l'épouvantail Sarkozy avec celui de Marine le Pen) ; et toujours des policiers et des gendarmes acquittés à propos de bavures avérées, des prisons surchargées et toujours une justice sous financée ; des syndicalistes mis en examen, et aujourd'hui même : condamné pour contrôles au faciès, l'Etat se pourvoit en cassation alors que François Hollande s'était engagé à lutter contre ce type de contrôle lors de sa campagne présidentielle.

Et puis enfin, l’état d’urgence décrété par Hollande dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015 avec ses assignations à résidence d’écologistes considérés dangereux, des perquisitions par centaines sans résultats et des interdictions de rassemblements et de manifestation...

 

                    La pire des choses pour un être humain c’est de mal vieillir car, on ne devrait jamais vieillir comme on ne devrait jamais cesser de hurler ! Tous devraient alors pousser leur cri puis mourir pour mieux laisser résonner ce cri.

On reprochera à Christiane Taubira d’avoir tué ce cri pour une bataille de chiffonniers de mauvaise foi à l’Assemblée nationale le mercredi au moment des questions de gouvernement, tout en ayant la faiblesse et l'immense complaisance de croire que cette bataille valait une seule journée d'investissement.

Oui ! On ne devrait jamais vieillir ou du moins, on devrait se retirer lorsqu'on sent venir comme un relâchement - lâcheté et servitude volontaire qui vous prennent tout et ne vous laissent rien.

Et c'est alors que... pas à pas, sans éclat ni tapage, par la petite porte, porte de derrière pour ainsi dire... mois après mois, année après année, on s’y traîne, debout mais couché, lentement mais sûrement, de flatterie en flagornerie, alléché par l’odeur d’une promesse de reconnaissance au sein du grand barnum politique et sociétal... et puis, par un beau matin, on retrouve ses chaînes, le bruit de son cliquetis et son entrave, celle dont on croyait s’être débarrassé car l’abolition de la traite doit trop, beaucoup trop à une bourgeoisie blanche indisposée par le spectacle de l’humiliation, de la peur et de la terreur - la couleur de son sang, l’odeur de son urine, la crasse et la sueur de ses travaux pénibles -, et pas assez à ses enchaînés ; d’où ce retour, non pas du refoulé, mais à la case départ ; là d’où l’on vient et que l’on n’avait  jamais vraiment quitté faute d’avoir été l’acteur majeur de sa libération.

Faut dire que l’esclave, la « bonne à tout faire » et « à servir à tout » a été engrossée par son maître qui aura la charité d’en faire sa concubine ; une concubine qui jamais ne pourra se hisser au rang d’une épouse ; pas robe de mariée ni cérémonie ; et c’est le ridicule qui accompagnera tôt ou tard son ascension au côté de son maître, entre deux tiges de canne à sucre ; sucre d’orge d’un orgueil et d’un fourvoiement - on parlera presque de forfaiture -, à la fois grotesque et laid, d’une rare laideur, qui nous inspirera néanmoins de la pitié… pitié face à cette erreur monumentale : coucher avec le mépris qui a décidé de tout… de votre condition d’être au monde, à peine humain en l’occurrence.

L’histoire n’a-t-elle pas maintes fois démontré pourtant que le salut des minorités ne peut venir que d’eux-mêmes ?

Et c'est alors que l'intéressée ira jusqu'à tenir le fouet qui punira ses congénères. Et c'est aussi l'indépendantiste guyanaise qui échange son lexique et son codex de militante contre une langue de bois au service de la domination du plus fort sur le plus faible : l'élève a dépassé le Maître.

« Django » le long métrage de Quentin Tarantino sur l'esclavage aux Etats-Unis, nous en donnera quelques exemples aussi hilarants et savoureux que pathétiques car, dans ce monde de la traite, de l’esclavage et des plantations, "le nègre domestique", nègre de l'intérieur, qui bichonne le maître, le pomponne, s’assure de son bien-être, de la propreté des lieux et de l’excellence des mets qu’il trouvera dans son assiette, sait que la force est du côté des Blancs esclavagistes et négriers ;  sa sécurité et prospérité aussi quand il est promu au rang de Major d’homme. Dans ces conditions, mieux vaut, à ses yeux, être le domestique du Blanc au 19e siècle que son salarié "libre" cent ans plus tard, à trois dollars de l’heure.

 

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               Dans les multiples aspects d’une soumission comme à rebours, revirements, volte-face, doit-on y voir là ce que Germaine Tillon appelait « la plus massive survivance de l’esclavage » ? Est-ce que l’être humain est condamné à toujours revenir vers la main qui l’a longtemps opprimé pour demander une dernière caresse dans l’espoir inavouable de recevoir un coup de bâton ? Est-ce que jamais l’être humain n’aura vraiment la liberté de s’affranchir trouvant sa résilience dans un « tenir tête » qui n’acceptera aucun compromis ? Est-ce que celui qui a quitté le travail forcé, prenant le maquis, une fois reconnu dans son humanité et ses droits, sera-t-il toujours tenté de remettre cette liberté entre les mains de celui qui lui a longtemps refusé le droit d’en jouir tel l’enfant maltraité incapable de nommer son « maltraitant » et qui revient sans cesse vers ses parents parce qu’il n’en aura jamais d’autres ?

Esclave un jour, esclave toujours ?

Christiane Taubira et sa promiscuité avec le PS c'est le pauvre qui vient au secours du riche (ou de ses larbins... les garçons de courses Hollande et Valls). Souvenons-nous que de nombreux esclaves combattirent aux côtés de leurs maîtres contre leur propre affranchissement durant la guerre de Sécession car, même lorsqu'il prend le parti de sa libération, exploité et humilié, il arrive que l'opprimé finisse par se reconnaître une dette pour s'être affranchi seul et sans autorisation ; ou bien encore : une dette envers ceux qui auraient grandement contribué à le libérer du joug de l'exploitation ou de l'esclavage ; l'opprimé reviendra donc acquitter cette dette même après des années d'autonomie à la fois matérielle, psychique et culturelle car l'opprimé d'hier sait qu'il n'y a pas d'avenir digne de ce nom, un avenir florissant aux cotés des puissants, pour les ingrats à l'endroit de ceux qui se considèrent encore comme leurs créanciers, libérateurs ou anciens maîtres confondus. Il est vrai aussi que l'on ne compte plus les "esclaves" qui ont fini par se croire faits pour leurs chaînes même quand on les en a débarrassés.

S'il faut bien tôt ou tard "tuer le père" pour le devenir à son tour un jour, debout et responsable, de même, seul le meurtre du maître de maison affranchit l'esclave une fois pour toutes car, avec ce meurtre, c'est le poison de la dette qui disparaît avec le créancier, corps et biens, dans la chaux vive des fosses communes.

 

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                Christiane Taubira s'étant construite autour de son origine et de l’histoire de cette origine - pour s'en convaincre, il suffit de se reporter à son parcours militant - Frantz Fanon, Aimé Césaire et Edouard Glissant  (auteurs cravatés qui n’ont fait finalement que servir la langue de leurs maîtres - en la retournant contre ces derniers, certes ! mais n'empêche... -, car cette langue reste la leur) dont Christiane Taubira se réclame, ont donc échoué : leur littérature ne l’aura pas aidée à penser les dangers de la compromission et le piège qui se referme sur la victime qui choisit de servir son bourreau : celui d'hier, d'aujourd'hui et de demain ; celui de toujours, du côté du manche qui vous domine entre deux sourires, deux tutoiements, deux embrassades : Judas père et fils. 

Savoir est une chose : comprendre est tout. Manifestement, Madame taubira n'a pas compris ce qu'elle a appris. On est donc bien son pire ennemi ! Plus aucun doute là-dessus.

 

***


               Si la vieillesse est un naufrage, Christiane Taubira aura sombré jeune, relativement, et comme  son intervention sur les réseaux sociaux le laisse entendre et deviner, en envisageant de soutenir la ré-élection de François Hollande, cet homme qui ne mérite rien et dont il n'y a plus rien à sauver, il est dit que l'ancienne garde des sceaux envisage de jouer un rôle actif : rassembler la gauche, tel est son projet. Manifestement,Taubira ne sait donc pas ce qui se passe dans l'électorat de cette gauche. Quatre années de gouvernement l'ont totalement sortie de la réalité ; la nôtre de réalité et puis la sienne aussi : qui et quoi elle est supposée être face à ce qu'elle a été car ce qu'on a été vous engage et vous oblige.

Avec cet engagement auprès d'un non-président, Christiane Taubira vivra son naufrage politique et moral jusqu'à la noyade comme d'autres de boire leur vin jusqu'à la lie, à charge pour nous qui n'avons pas encore renoncé, après la défaite de Hollande en 2017 et celle du PS aux Législatives qui s’ensuivront, de reconstruire une Gauche en accueillant tous ceux qui ne veulent plus d’une France à genoux devant l’Otan et la Commission européenne, des Gaullistes souverainistes aux Ecologistes  - parmi ceux qui souhaitent véritablement "faire de l'écologie" -, en passant par le PC et Mélenchon jusqu'à l'extrême gauche, sans oublier ceux qui auront quitté un PS moribond.

 

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