« Complotiste ? » Vous avez dit « complotiste » ?

Le malheur veut que les salariés des médias ne connaissent qu’une chose : ce qui fragilise leur emploi ; ce qui le sécurise. Ils n'ont finalement jamais rien su, jamais eu à comprendre autre chose à propos de quoi que ce soit.

Tous savent qu'il n'y a pas de carrière pour ceux qui souhaiteraient proposer à leur rédaction - rédaction qui se donnerait alors les moyens d'y répondre -, le questionnement suivant : qui fait quoi, à qui, où, comment, pour-quoi, et pour le compte de qui.

Or, on ne manquera pas de noter ce qui suit : les journalistes d'investigation n'ont pas une minute à consacrer au dit "complotisme" ; ils sont trop occupés à répondre à ce questionnement.

Ce qui est plutôt rassurant à propos de la non-validité de cette accusation de "complotiste".

Seules les rédactions ventriloques des dépêches AFP ont du temps à y consacrer n'ayant rien d'autre à faire.

"Le journalisme d'investigation" aujourd'hui qualifié de "complotiste" est devenu, par voie de conséquence, la mauvaise conscience de 90% des titulaires de carte de presse.

Mais alors, qui dénoncera les agents du complot de la dénonciation calomnieuse de  « complotiste » ?

On ne manquera pas de noter ce qui suit : ce que l’on doit désormais appeler « Le complot de la dénonciation calomnieuse de complotiste » a la fâcheuse tendance à prendre pour cibles en particulier tous ceux qui, comme un fait exprès, auraient le tort d'être très critiques à l'endroit du " mondialisme", de la construction européenne, de l'Otan, des USA et d'Israël.

C’est la raison pour laquelle les médias ne s'occupent que du "vrai ou faux" de ceux qui ne peuvent pas leur nuire (communautés, lobbies, employeurs actionnaires) pour ne pas en avoir les moyens.

« Quis custodiet ipsos custodes ? »  

« Qui me gardera de mes gardiens ? » (1)

Le complotisme, vocable « fascisant » qui interdit tout débat - il vous interdit de comprendre ce qui ne vous est pas donné à comprendre par ceux qui sont chargés de la compréhension de ce qui est -, tout comme l’islamo-gauchisme - vocable raciste -, n’a qu’une seule raison d’être : discréditer à la demande des employeurs des salariés des médias publics et privés, un adversaire idéologique et politique.

On ne manquera pas non plus de remarquer le fait suivant : le recours à la dénonciation du complotisme, ceux qui s’y sont investis, ceux des universitaires qui cultivent ce « champ de recherche », émane le plus souvent  d’agents très connotés d’un point de vue communautaire et/ou idéologique, tous porte-parole et garçons de courses, de ce qu’il est convenu d’appeler « la Domination » ; classes bourgeoises, petites et moyennes ; individus auxquels on ne devra rien pour ne nous avoir rien laissé à penser, à connaître, à comprendre ; universitaires et salariés des médias petits bras dont les contributions et autres travaux dans leur métier respectif, sont sans conséquence, même si nombre d’entre eux auront su avec adresse tirer les marrons du feu d’une carrière que d’aucuns pourraient aujourd'hui leur envier.

Aussi... "On est bien tranquilles". 

Comme a pu dire une historienne : "soit on fait de l'Histoire ; soit on fait carrière. Faut choisir, très vite ! Car, après c'est trop tard. Pas de retour en arrière dans un cas comme dans un autre :  soit on est à jamais black-listé, soit on est discrédité pour l'éternité auprès de ses pairs, historiens du non-consensus".

La généralisation de l’accusation de «  complotisme » va de pair avec l'effondrement du journalisme car le complotisme avait un nom dans les années 70 : « le journalisme d'investigation » ; aussi, est-ce un hasard si une rédaction comme celle de Médiapart qui fait encore ce travail d’enquête ou bien un Denis Robert, un Pierre Carles, un Pierre Péan et un Philippe Cohen en leur temps, un Julian Assange de renommée mondiale, n'ont utilisé et n’utilise jamais ce vocable diffamatoire ?

Rappelons ici, sans nous en excuser que le dit « complotisme » n'est pas le complot... mais bien plutôt la prise de conscience que le monde que nous habitons est pensé ; des hommes, des femmes, des groupes d'influence, des Institutions ne cessent de penser le monde, à notre place qui plus est, et le plus souvent contre nous qui ne sommes pas acteurs de la Domination : à propos du monde, de notre monde... ils pensent son organisation (l’U.E, l’Otan), les réformes (hôpital, retraite, chômage) ; ils pensent une organisation économique du monde (la mondialisation, le néo-capitalisme, les sanctions, les embargos, les blocus) ; ils pensent les guerres (destruction du Moyen-Orient, de la Libye ; conflit Ukraine-Russie)…

La question est : pour-quoi,  et au profit de qui. Ce qui nous renvoie au questionnement suivant : qui fait quoi, à qui, où, comment, pour-quoi, et pour le compte de qui.

Les lignes éditoriales des médias sont le fruit d'une pensée - objectifs à atteindre : influences économique et idéologique et culturelle - stratégie et tactique (2) -, celle des actionnaires du CAC 40 pour les médias privés ; celle des hauts-fonctionnaires qui nomment les hommes et femmes aux postes clés et décident du financement des médias d’Etat.

Tout est "pensée"... car tout est "pensé"... bien ou mal pensé pour le bien commun ou pour des intérêts privés.

1 - Juvenal : poète satirique romain de la fin du I siècle et du début du II siècle. )

2 -  Se reporter à Edward Bernays, le père de la propagande ; George Orwell ; Noam Chomsky... entre autres auteurs...