Etre au monde, oui ! Mais sûrement pas de Ce monde ! Plus de 18 années d’édition de billets de blog sur 20-minutes, Médiapart et Nouvelobs, aujourd'hui sur Overblog... Durant toutes ces années, sachez que tout ce qui est beau, rare, difficile et courageux ne m’aura pas été étranger ; d'où le choix de mes catégories et des sujets traités. Bonne découverte à tous !
12 Mai 2023
Suicide de Lindsay, âgée de 13 ans : quatre mineurs mis en examen pour harcèlement scolaire
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Billet rédigé en Octobre 2021
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Ce qui frappe dans ce drame, c'est le constat suivant : absence et impuissance ; absence d'une autorité, absence DE l'autorité, de ce qui fait ou devrait faire autorité ; absence des adultes autour des protagonistes, autour de la victime - parents, enseignants, chef d'établissement, médiateurs, servies sociaux, police, institution justicière ; et puis... absence de solidarité - de compassion - chez les adolescents ; solidarité, compassion qui n'ont trouvé aucune place, aucun espace, aucune opportunité pour se déployer pleinement.
Absence, impuissance et vide donc !
Mais qui et quelles sont-elles toutes celles qui ont poussé cette jeune fille au suicide ? Leurs visages, leurs noms, leurs voix ! Et qu'en est-il de leur audition quant au pourquoi ? On devrait tous pouvoir les entendre - car il faut les entendre ! - ne serait-ce que pour constater l'ampleur des "dégâts" chez tous ces ados ! Dégâts à l'origine desquels on trouvera mille carences, mille obstacles sans l'ombre d'un doute, dans une société où Etre c’est Avoir.
On ne pourra pas non plus s'empêcher de souligner l'impossibilité pour les classes populaires d'obtenir toute l'attention dont elles ont besoin plus que toute autre classe ; attention qui, dans un cas particulier, peut et devrait s'imposer, plus encore lorsqu'elles sont issues des minorités visibles.
Oui ! Absence, impuissance et vide... un vide entier, total ; un abîme ; absence, vide et silence aussi : motus et bouche cousue.
Le tragique c'est bien cette absence, ce vide... deux années durant ; et ces milliers d'ados qui font le choix de ne pas s'appuyer sur nous les adultes car la confiance n'est plus là sans doute ; rayés de la carte ils sont ces adultes qui semblent, pour certains d’entre eux, en être presque soulagés !
C'est intolérable car im-pensable et in-envisageable.
Pour toutes ces raisons, cette marche - comme "a posteriori "au regard du drame, une marche comme "en retard d'une marche" -... cette mobilisation qui arrive trop tard est grotesque et lâche, bien évidemment car elle ne rachète rien ; elle n’efface rien de tout ce qui vient d’être évoqué.
P.S.
Sitcom, séries, films, télé-réalité...
La place qu'occupe les ados dans les représentations médiatiques de la société - représentations du monde des ados -, semble ne faire qu'une ; il serait alors question d'ados libres et responsables ; qui plus est... d'ados capables de faire la leçon aux adultes ; d'ados-parents de leurs propres parents devenus de simples géniteurs-nourriciers...
Ce qui peut expliquer la timidité d'une grande partie des adultes qui n'auraient d'adultes que leur âge avec pour conséquence : une certaine retenue de leur part face aux adolescents ; non-intervention, suspension de jugement de valeur, suspension de sanction : "Le monde des ados est une affaire entre les ados".
Les ados ne requièrent plus notre attention ni notre protection ni notre capacité de sanction. Ce qui peut en arranger plus d'un... "adulte".
D'autre part, dans le contexte de l'Education nationale, on ne compte plus les ouvrages rédigés par des enseignants - dont la promotion est assurée par des médias bien à droite, voire d'extrême droite, C-news en tête -, qui conspuent les élèves jusqu'à les qualifier ouvertement d'imbéciles et d'illettrés.
Le mépris croissant de l'enseignant pour s(c)es élèves-ados, la diffusion de ce mépris, semblent représenter la majeure partie des ouvrages publiés. Ce qui peut expliquer, là encore, l'indifférence des adultes à l'égard de la violence et de la détresse des ados : Education nationale, parents, police et médias.
Les ados n'intéressent plus personne, excepté les multi-nationales du divertissement.
Et alors que tous les contenus des médias - des dessins animés du matin destinés aux plus jeunes sur de nombreuses chaînes de télé jusqu'aux propos dans des émissions sans retenue... - ne cessent d'alimenter un climat dans lequel la violence physique et verbale occupe une place de choix, l'hyper-délinquance que tous déplorent semble trouver là une partie de son origine et son encouragement : en effet, toute contrariété, tout empêchement doivent mener à un conflit ; tout conflit doit trouver sa résolution dans le recours systématique de la violence.
"Les femmes qui portent le voile sont des esclaves"... propos tenus sur C-News... propos parmi de milliers d'autres qui ne font l'objet d'aucune réaction de ceux qui sont présents sur le plateau (entre quatre et six personnes dont un ancien député-procureur et un juge d'instruction à la retraite) : indifférence.
On ne compte plus les propos diffamatoires à propos de nos minorités... majoritairement et principalement, qui ne suscitent aucune réaction, aucune condamnation.
La permissivité orale et comportementale touche tous les âges, tous les milieux sociaux, tous les canaux de diffusion de France-culture (Finkielkraut) à C-News (l'équipe de P. Praud).
Encore une fois, on constate une complaisance, un relâchement qui ne peuvent que contribuer à un encouragement.
