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Le meilleur de Serge ULESKI : société, politique, art et culture

Etre au monde, oui ! Mais sûrement pas de Ce monde ! Plus de 18 années d’édition de billets de blog sur 20-minutes, Médiapart et Nouvelobs, aujourd'hui sur Overblog... Durant toutes ces années, sachez que tout ce qui est beau, rare, difficile et courageux ne m’aura pas été étranger ; d'où le choix de mes catégories et des sujets traités. Bonne découverte à tous !

Après les médias, les partis de gouvernement, la police, voici le temps de la sécession des classes moyennes contre les Gilets Jaunes

 

 

rosa luxembourg, gilets jaunes

 

Rosa Luxembourg : " Mon oeuvre est dans la rue et dans les luttes"

 

 

                    « La Révolte des élites et la trahison de la démocratie » est un ouvrage du sociologue Christopher Lasch, publié en 1995 qui pose l'hypothèse que ce qui menace désormais la vie démocratique, c’est la coupure de plus en plus prononcée entre le peuple et les «élites» ; une coupure économique, matérielle, éducative (d’aucuns s’aventurent à mentionner une coupure intellectuelle ; cela reste à voir étant donné l’effondrement du niveau de réflexion des dits intellectuels médiatisés en particulier et de l’université française en générale) ; avec pour conséquence un repli des privilégiés sur eux-mêmes.

Elites par-ci, élites par-là… encore faut-il définir ce qu’on entend par « élite » en 2019 car cette sécession est loin de ne concerner que les 1% les plus « on ne sait trop quoi » : les plus riches ? Les plus éduqués ? Les « plus, plus, plus ? »

Un fait est certain : il ne saurait être question d’élites morales et intellectuelles appartenant à une classe qui serait donc la moins cynique et la plus futée. Dans les faits, il s’agit d’une élite essentiellement économique, non entrepreneuriale pour autant car pas assez de talent pour ça ni de courage ! mais élite économique tout de même ; une élite qui, pour sûr,  n’a aucun problème de début et de fin de mois : meilleurs salaires et conditions de travail ainsi que de carrières ; propriétaires de leur logement situés dans les régions à fort potentiel, dans les meilleures villes et dans les meilleurs quartiers ; la classe « Maastricht » et « Constitution européenne - traité de Lisbonne » - et « Euro » si l’on veut bien se donner la peine de dire les choses. Chez tout ce beau petit monde, tellement propre sur lui, on trouvera des taux de participation aux élections de l’ordre de 90% : pas bêtes ils sont ! Car « Le Grand soir » pour tous ces gens c’est maintenant, et tous les jours de la semaine ; et pas dans dix mille ans dans la perspective d'un RIC révocatoire, par exemple.

Notons au passage que cette crainte ou bien plutôt, cette peur qui la leur, cette peur de ces élites est vieille de mille ans ; c’est la peur de la bourgeoisie,  petite ou grande, quand, en bas, ça bouge ; une peur propre à ceux qui voient leur confort moral et leur confort matériel menacés ; car tout au fond de lui, le Bourgeois sait qu’il est un salaud ; il sollicitera la violence des armes et des véhicules blindés si son statut et ses privilèges sont contestés dans la rue ou ailleurs.

                Sécession des classes supérieures voilà trente ans ; sécession des médias à la même période, avec, en particulier, aujourd'hui, leur absence délibérée d’honnêteté face au mouvement Gilets Jaunes ; sécession d’une grande partie de la classe politique (du PS aux LR) : tous contre les classes populaires ! Sécession de la police dans son hyper-violence qui nous a permis de rafraîchir notre mémoire historique (répression dans le sang des soulèvements ouvriers ; occupation allemande et guerre d'Algérie) : en effet,  il n'y a pas de police républicaine ; il n'y a qu'un Etat républicain ou non, et par voie de conséquence : une chaîne de commandement et des ordres républicains ou bien anti-républicains.

                Ne nous y trompons pas  ; cette tentative de description de ceux qui ont fait « sécession » ne devrait certainement pas concerner que les classes supérieures et l’hyperclasse (loin s’en faut !)  mais aussi et bien plutôt, une partie des classes moyennes « tout court » et la quasi-totalité des classes moyennes supérieures, y compris les retraités aux revenus confortables sans être pour autant très aisés ; en termes électoraux, on peut alors sans difficulté estimer cette sécession non plus des élites seules mais des classes et catégories nommées précédemment, électorat du Système, entre 30 et 35% ( avec MLP au second tour et un taux d'abstention élevé, cet électorat est assuré d'avoir "le candidat dont ils ont besoin" à chaque élection) ; comprenez bien : jamais cet électorat ne prendra le moindre risque avec une réforme de nos institutions, la monnaie Euro et notre assujettissement à une U.E sous domination allemande ; une U.E relais d’un mondialisme sans honneur ni justice.

Vous pourrez mentionner la misère, la pauvreté, l’injustice des conditions d’existence de millions de nos compatriotes, notre démocratie croupion qui ne satisfait que ceux qui n’en ont pas besoin car tout leur va bien finalement : tous n’en démordront pas car c’est à volonté et en coeur qu’ils vous rétorqueront : « Si c’était différent, ce serait pire encore pour vous tous ! »

Il n’est que de se rappeler la première qui fut aussi la dernière manifestation des « Foulards Rouges » en opposition aux Gilets Jaunes ; leurs témoignages à tous ne manquent pas de nous faire comprendre que cette France des classes moyennes retraitées ou actives, n'a manifestement qu'un seul besoin : un besoin d'ordre, toujours plus d'ordre et de silence de la part de ceux qui refusent de se taire plus longtemps, une fois la honte vaincue, à propos de leurs difficultés quotidiennes ; une France sécessionniste face à tous ceux qui ont besoin de tout ; leurs témoignages à tous ces hommes et ces femmes sans problèmes de milieu ni de fin de mois, ne représentent-ils pas ce que l'on pourrait appeler "le fond du panier d'une conscience sociale et politique" d'une France profondément anti-sociale, à la limite de la "socio-pathie", dans leur absence, tout aussi irréductible, de compassion pour la colère de ceux qui refusent de survivre avec des revenus humiliants ? 

Et tous se refusent à entendre parler de la pauvreté de leurs concitoyens ; tous se refusent à envisager qu’ils puissent se donner les moyens d’obtenir « justice ».

L’acteur François Berléand, du cinéma et d’un théâtre pourtant subventionnés, les incarnera tous à merveille : « Depuis le début, ils nous font chier ces Gilets Jaunes ! ».

A les entendre… on jurerait vraiment que leur prospérité à tous a toujours dépendu de la pauvreté des autres : des retraités à 900 euros par mois et des salariés au SMIC horaire.

Et bien…  savez-vous ? Il se pourrait que ce soit le cas.

Et si comparaison n’est pas raison, toute abjection gardée dans sa proportion, à propos de l’ultra-violence policière et de ses victimes,  de l’indifférence qui l'a comme "couverte" et "absoute", on pensera au Chili, au régime Pinochet et à la répression criminelle contre l’électorat de son président Allende après son exécution, avec le soutien des classes moyennes et de la bourgeoisie chiliennes…

A les écouter, à les regarder, tout comme leur mentor et idole Macron - Robin des bois des riches, enfant-roi, arrogant, orgueilleux et vaniteux - d’une hostilité envers les Gilets Jaunes que même des journalistes pourtant sans gêne et dévoyés ne peuvent se permettre ( bien qu’une grande partie d’entre eux peine à se retenir), force est d'observer que tout ce petit monde est à l’humanité ce que sont, dans la chaîne alimentaire du monde animal en général et de la savane en particulier, le lion, la hyène et le vautour tout à la fois, ou bien plutôt « en même temps » : avec eux, rien ne se perd car il ne doit rien rester ou si peu…

Mais alors, comment en sont-ils arrivés là eux tous qui refuseront de mettre la main à la poche pour que des retraités sans le sou et leur animal de compagnie cessent de partager  la même nourriture dès le 15 du moins ? 

De ces classes qui ont fait sécession face à la pauvreté de millions de leurs compatriotes (des retraités indigents qui ne servent à rien ? Un salariat sans instruction employé dans des métiers destinés à terme aux excédents humains d'Afrique ? Toute une population destinée au rebut ? ), on n'oubliera pas d'inclure leur "incarnation politique" : ces gringalets primo-élus de LREM (on pourra aussi se reporter à "l'étude comportementale" de ces derniers : ICI), hommes et femmes en nombre, spécialistes d’une rationalité idiote qui n’est que la marque de leur ignorance ; et pas n’importe laquelle d’ignorance ; celle qui a pour origine l’assurance du débutant qui a cessé d’apprendre à compter du jour où il était pourtant d’une importance vitale de connaître et de comprendre.

 

***

 

                             

 

                Rappelons-le : la grande richesse de ce mouvement des Gilets jaunes né hors des usines, ces funambules de la subversion, c’est son caractère épiphanique : la révélation au grand jour du fait que l'organisation de notre société repose sur un seul et unique mensonge, «  le Grand mensonge » : la soi-disant recherche de la concorde et de la justice des conditions d'existence pour tous comme ultime projet commun au sein de l’espace France et de l’U.E ; projet qui se serait voulu d'essence humaniste qui plus est. Et ce mensonge est arrivé en fin de vie.

                   Aussi, quel que soit le destin de ce mouvement in-colonisable, mouvement Gilets Jaunes, ce Peuple du travail sans lequel la France ne pourrait tout simplement pas fonctionner, faut-il le rappeler, peuple longtemps invisible qui aura vaincu la peur - peur du mépris et du ridicule, peur des coups, peur de ne recueillir le soutien que d’une infime minorité de nos compatriotes -, qu’il soit dit ici avec la plus grande solennité que tous demeurent aujourd’hui les seuls que l’on puisse accueillir à notre table sans état d’âme, sans doute aucun quant à leur respectabilité, leur légitimité et leur autorité…

Car cette France n'aura jamais besoin du déclassement et de la paupérisation de son voisin pour se maintenir à flot ou bien encore, pour ne pas déchoir ; une France pour laquelle la vitrine fracassée d'une boutique des Champs Elysée ou celle d'une banque, ne décidera jamais du chemin que prendra son bulletin de vote ni son opinion en réponse à un sondage… 

              Alors, oui ! Cette France-là, cette grande aspiration à une communauté humaine, à sa communion, est bien la seule France fréquentable aujourd’hui ; et pour longtemps !

 

______________ 

 

A propos des Gilets Jaunes, merci de vous reporter à Jacques RancièreICI  ; à Raphaël Challier  LA ; à l'Assemblée des assemblées des Gilets Jaunes LA encore.

 

                     Pour prolonger, cliquez : Les Gilets Jaunes - le dossier

 

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