Gaza 2023 : il était une fois "un rassemblement" qui s'est affiché "contre l'antisémitisme" un 12 novembre de la même année...

Beaucoup de stratégie et de stratèges dans ce rassemblement de têtes d’affiche ; rien de surprenant à cela dirons-nous puisque tous sont des « politiques ».

Sont présents… les uns pour être vus ; les autres car ils ne pouvaient pas ne pas y être ni en être ; et puis d’autres encore dans l’espoir de retrouver une visibilité perdue, une notoriété mise à mal (Manuel Valls au second rang de ce rassemblement ; à la deuxième couche ; à la deuxième épaisseur).

Or, l’histoire se moque des stratèges et des stratégies à la petite semaine en lien avec des ambitions et un maintien de carrière puisque ce qui fait l’histoire, ce qui fait histoire,  c’est tout ce qui ne pouvait pas ne pas arriver ; c’est tout ce que les stratégies n’avaient pas prévu ; n’avaient pas voulu voir ; n’avaient pas su non plus. A ce sujet, on peut mettre au défi quiconque de nous expliquer à propos d’événements maintenant historiques que ce qui est arrivé est arrivé alors qu’aucune condition n’était réunie pour que cela arrive ; or, les faits sont têtus : tout ce qui arrive, arrive car, précisément, toutes les conditions sont présentes ainsi que les acteurs pour entretenir, une fois installées, ces conditions, leur dynamique.

Rassemblement de têtes d’affiche d’un côté ; rassemblement d'anonymes  de l’autre ; toute cette unanimité - ainsi que celle des commentaires des médias - a de quoi inquiéter.

Si les absents ont toujours sinon souvent tort… l’on oublie trop facilement qu’ils pourraient bien dans certains cas avoir raison de refuser le statut quo, cette unanimité… en particulier dans le cadre d’un environnement politico-médiatique aux intérêts de classe, de carrière et de préoccupations communautaires, c’est selon ; climat qui exclut, disqualifie des affects liés à d’autres intérêts, à d’autres identités, à d’autres filiations idéologiques à propos desquels on ne souhaite surtout pas s’embarrasser et contre lesquels on mène une guerre moderne, dite civilisée, propre mais sans merci ; là on rejoint les stratèges et les stratégies à la petite semaine.

Oui ! Cette unanimité inquiète, un peu comme ces tonnes de bombes larguées sur des populations dites « barbares »… dans l’unanimité de la défense de nos valeurs.

Charlie Hebdo… Rassemblement du 12 octobre 2023… « Ils sont encore absents » déploreront sans arrière-pensée les naïfs, les « de bonne foi » ;  ceux du deuxième rassemblement dirons-nous.

Mais qui "Ils" ? 

Ceux du premier, ceux de tête en particulier, les stratèges en catastrophe… ceux sur lesquels les caméras n’ont pas de répit… en profiteront pour continuer leur travail de sape, les uns par inadvertance et incompétence (Braun-Pivet... une sotte !), les autres parce que stratèges au long court : la fin justifie les moyens qu'il faut déployer pour arriver à ses fins (MLP, Meyer Habib...)

Qui "Ils" ? Vous demandiez un instant encore !

Mais ceux dont le non-dit de ce rassemblement, le premier, ceux des politiques, dit tout quant à la considération que ces derniers voudront bien leur accorder, à savoir : aucune. 

Oui ! Cette unanimité inquiète puisqu'elle a toutes les allures d'une injonction cache-misère intellectuel et moral.

Ceux qui ont senti le danger de cette unanimité, ceux qui ont détecté mille arrière-pensées, ceux qui ont compris que les intentions n’étaient ni pures pour les uns, ni raisonnées pour les autres… ni louables ni avisées car suffisamment réfléchies… ces autres se sont abstenus.  Absents ils sont ; il leur sera beaucoup reproché sans doute. Qu’ils ne s’en inquiètent surtout pas : la morale qui repose sur un malentendu ou sur une supercherie ne tient pas longtemps le haut du pavé d’autant plus qu’il a fallu aux uns aucun courage pour « en être » ; aux autres tous les courages jusqu’au téméraires pour refuser de s’y coller à ce et ces rassemblements.

Oui ! Cette unanimité inquiète. Il semble même qu'elle ait inquiété un Président d'une République nommée France. C'est vous dire. C'est tout dire... pour peu que l'on soit à même d'interpréter avec justesse cette inquiétude qui est celle de ce Président. 

Les jours de grand malheur,  ces jours qui font l’histoire et alors qu’ils ne feront dans un premier temps que l’actualité de médias goinfres et gorets, ceux des premiers cercles concentriques, les têtes d’affiche, ceux du premier rang, les politiques…  chercheront à échapper à leurs responsabilités ; les autres, les anonymes rassemblés dans un rassemblement privé de stratégie et de stratèges… qui croyaient bien faire pour s‘être bien comportés, passeront le plus clair de leur vie à essayer de comprendre pourquoi ce qui est arrivé est arrivé dans leur ignorance de ce qui a déjà été explicité sous la forme d’une maxime qui est aussi une morale : ce qui arrive doit arriver car toutes les conditions sont réunies pour que cela arrive ;  ou bien encore : ce qui arrive ne pouvait pas ne pas arriver.

Rien à voir avec une quelconque fatalité car il n’y a pas de fatalité ; il n’y a que des causes qui produisent des effets, toujours les mêmes. Il suffit simplement que ces causes soient présentes et les acteurs de ces causes déterminés à ce qu'elles le demeurent.

Disons alors que l’espèce humaine, en particulier…  de ceux qui la guident, possède un don certain : la capacité à organiser les conditions responsables des causes qui mènent au pire, le plus souvent pour les autres... victimes expiatoires d'un désir dont on refuse de se défaire : déshumanisation, dépossession puis accaparement et rétention.

         Tenez ! Puisqu'il en est aussi un peu... sinon beaucoup question en ce 12 novembre 2023 : ​​​​​ceux qui sont à la tête d'​​Israël depuis 1967 en est un exemple à la fois admirable et de pertinence et déraison tragique ; Israël et ce soutien inconditionnel à son sujet ici en France... que l'on ne peut que regretter ; soutien négation de la France de Victor Hugo, d’un Jean Jaurès, de Bergson, de Jean Moulin, de Marc Bloch, de Jankélévitch, de Claude Lévi-Strauss, d’un Aimé Césaire, d'un Edgar Morin et cette Europe d’un Levinas, d’un George Steiner… 

S'il n'est jamais bon de cracher contre le vent, il n'est jamais bon de ne donner à ceux que l'on déshumanise, ceux sur lesquels l'on souhaite exercer un contrôle total...  aucun espoir de pouvoir en réchapper un jour.