Les chausse -trappes de l’instrumentalisation de l’anti-sémitisme : plaidoyer pour un mouvement décolonial d’une intelligence supérieure

Contre l'instrumentalisation de l'antisémitisme...

             Il serait temps  que les dits Décoloniaux et ceux qui les soutiennent, cessent de laisser entendre que ceux qui les accusent d’antisémitisme pensent qu’ils le sont alors que leurs accusateurs n'ont qu'une stratégie : le recours systématique au procès d’intention.

Qu’est-ce qu’un procès d’intention : c’est une accusation lancée avec des intentions que l’on pourra qualifier "d’arrière-pensées" ; l’intention étant, dans le cas qui nous occupe,  de faire « passer » les mouvements décoloniaux pour des antisémites dans le but suivant : « Vous ne devez pas les laisser s’exprimer ; vous ne devez pas faire en sorte qu’ils soient entendus ; rien ne doit être fait pour qu’ils soient considérés comme fréquentables !» ; injonction adressée aux médias et à tous ceux qui seraient susceptibles de donner la parole à ces mouvements décoloniaux et ainsi leur permettre de sortir d’un entre-soi qui n'offre aucune perspective d’avenir d'autant plus qu’ils ne sont déjà pas très nombreux.

Rappelons à ceux qui l’auraient oublié et à ceux qui n’en ont toujours pas pris conscience, qu’aujourd’hui, il n’est vraiment pas nécessaire d’être antisémite pour fustiger un Goldnadel, une E. Lévy, un Zemmour ou un Finkielkraut ; il suffit simplement de se ranger du côté de la France de Victor Hugo, de Jean Jaurès, de Jean Moulin, de Bernanos et d’Aimé Césaire pour démontrer à quel point les susnommés précédents sont en-dessous de tout ;  en particulier, de cette France-là.

Il est plus que temps que les Décoloniaux comprennent qu’ils ne sont pas directement concernés par cette accusation puisque celle-ci est destinée à ceux qui auraient l’imprudence de les « fréquenter »  et ce faisant, de les reconnaître et de les considérer comme « légitimes ».

Cette accusation d’antisémitisme est simplement un procédé d’intimidation destiné aux médias ; lesquels médias s’y sont soumis sans difficulté car le malheur veut que  leurs salariés  ne connaissent qu’une chose : ce qui fragilise leur emploi ; ce qui ruine leurs perspectives de carrière ; ce qui la sécurise. Ils n'ont finalement jamais rien su, jamais eu à comprendre autre chose à propos de quoi que ce soit ; tous survivent dans le mensonge par omission dans le meilleur des cas ; dans le pire...

Car tous savent qu'il n'y a pas de carrière pour ceux qui (par exemple… et ce n’est pas le seul cas) souhaiteraient dénoncer Israël et sa politique d'un cynisme d'une cruauté sans égale depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.  Et c’est principalement la raison pour laquelle, ces médias ne s'occupent que du "vrai ou faux" de ceux qui ne peuvent pas leur nuire pour ne pas en avoir les moyens.

Aussi, pour cette raison… s’égosiller à répéter « Non ! Nous ne sommes pas antisémites » (PDH, Tsedek, UJFP, LFI et d’autres) à ceux qui savent pertinemment que les Décoloniaux ne le sont pas... est une perte de temps et d’énergie. En revanche, ce qu'il faut dénoncer ce sont les intentions de ce procès qui leur est fait ; pour y parvenir, ils doivent impérativement s’ adresser non pas à ce que sont leurs détracteurs en tant que tels mais bien plutôt à un "qui"  ils sont  et pour(-)quoi ; cela permet alors, d'une pierre deux coups, de mettre « au pied du mur » les médias dominants qui acceptent de céder à cette injonction qui leur est adressée dont ils se font les complices.

Se refuser à cette distinction, à cette nuance, dans la façon et la manière de faire face aux procès d'intention sans nombre qui visent les mouvements décoloniaux, contribue à valider la stratégie de leurs détracteurs dont la mauvaise foi est totale (c'est ce qu'il fallait comprendre de la démonstration ) ; d'autant plus qu'ils sont et seront appelés davantage encore dans les années à venir à défendre une cause israélienne indéfendable du point de vue de droit, de la justice des conditions d'existence des êtres humains et de la morale.

Oui ! La morale... à savoir : ce qu'il est permis et ce qu'il n'est pas permis d'infliger à un être humain.

Avec ce refus de la nécessité d'appréhender différemment l'environnement ethnico-politico-médiatique qui est le leur à propos de la cause palestinienne en particulier,  les Décoloniaux sont alors contraints de courir derrière leurs détracteurs (médias, lobbies, classe politique) alors que ce sont ces mêmes détracteurs qui devraient  courir derrière les Décoloniaux.

Et puis enfin : la dernière attitude à adopter, contrairement à la LFI qui commet là une grave erreur car « qui ne se défend pas est coupable aux yeux du plus grand nombre », c’est de ne pas dénoncer auprès des tribunaux cette accusation diffamatoire, cette dénonciation calomnieuse.

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             Le loup et l'agneau : gravure de  Jacob Ettling ; dessin de Gustave Doré

Dans le contexte qui est celui de la France, s'offrir  le luxe en tant que Décoloniaux soucieux du sort cruel et injuste des Palestiniens de Palestine et des camps de Jordanie, du Liban et de Syrie, de se faire les relais de la lutte contre l’antisémitisme (d’autant plus que le CRIF sera toujours plus performant dans ce domaine car c’est sa seule raison d’être… au service d’Israël) c’est vraiment "servir la soupe" à ceux qui n’ont qu’un but : placer l’antisémitisme au centre de la problématique française ; car participer à cette autre stratégie du camp israélien, c’est refuser de comprendre ce qui suit : la cible de ceux qui entretiennent cette problématique ne sont pas ce RN d’extrême droite mais LFI, les Décoloniaux, les Arabes et Musulmans de France ; contrairement à ce que ces mêmes Décoloniaux semblent s'évertuer à penser.

Aussi, à l’heure où les leaders de la parole à la fois islamophobe (nouvelle couverture du racisme) et pro-israélienne dans les médias depuis ces 20 dernières années sont juifs  - Zemmour et ses affiliés, Goldnadel et son binôme féminin E. Lévy, Finkielkraut et les Enthoven de sa cour - ce dernier un temps pilier de France Culture faisant le choix de MLP contre Mélenchon, ulcéré à l’idée de voir le vote Musulmans, aussi marginal soit-il, se rallier à son panache -… tous à des degrés divers véritables pourfendeurs de la justice, du droit et de la vérité...

A l’heure où Zemmour est une véritable star dans cette communauté juive (ainsi que Marion Maréchal)… que ceux qui se disent proches, voire très proches, de la cause palestinienne puissent s’évertuer à entretenir cette stratégie en dit long sur la faiblesse de leurs capacités d’analyse ; de ce soutien contre-productif, ils ne peuvent que sortir davantage marginalisés car, là encore, ceux qui représentent un véritable danger pour la possibilité de continuer de défendre la cause palestinienne ici en France - nommément les thuriféraires de la cause israélienne - ceux-là n’y croit pas un seul instant à ce RN d’extrême droite anti-sémite… ni un G. W. Goldnadel ni un Finkilekraut ni un Zemmour ; en revanche tous les instigateurs de cette fausse problématique savent qu’il s’agit d’un écran de fumée destiné à enterrer la lutte contre le racisme anti-arabe et anti-musulman, ainsi que les militants de LFI ; et d’une pierre trois coups… la cause palestinienne qui pourtant représente, au bas mot, entre 15 et 20 millions de nos compatriotes (les Musulmans, les Arabes, le vote des militants gauche anti-raciste, anti-colonialisme et anti-impérialiste ainsi qu'une bonne partie des Ecologistes) ; sans oublier le fait qu’Israël bénéficie d’un soutien quasi unanime des médias, de la classe politique et de nos compatriotes juifs ; apporter son concours, donner foi à cette campagne d’un cynisme et d’une mauvaise foi achevés… est purement suicidaire.

La dénonciation de l’instrumentalisation de l’antisémitisme aux fins déclinées précédemment ne justifie pas que l’on passe sous silence le ralliement à la parole raciste du RN de la quasi-totalité de leaders médiatiques juifs ( il n'y a d'élite que morale et intellectuelle) car la pertinence et le courage sont là et nulle part ailleurs :  dans la dénonciation de ce ralliement. 

Les Décoloniaux seraient donc bien avisés de cesser de se vautrer avec complaisance (sans doute dans un souci de "protéger leurs arrières" car tout engagement implique toujours une prise risque d'ordre physique et matériel ; appréhension bien compréhensible)… dans tous les pièges et autres chausse-trappes dressés autour d'eux d’autant plus qu’il serait temps d’obtenir des résultats qui encouragent et non des « postures » qui à terme démoralisent.

Que tous sachant qu’ils sont attendus  à tous les tournants et que tous refusent de contourner les barrages dressés ne peut que démobiliser les troupes de cet engagement décolonial si précieux car nécessaire au-delà même de la cause palestinienne ; une France raciste, colonialiste et impérialiste n'a jamais été aussi présente ; des millions de nos compatriotes issus de notre histoire coloniale parqués, assignés à résidence, dès les années 60 et l'abjecte Françafrique (infantilisation des Africains, pillage des ressources, intimidation des opposants - voire assassinats -, corruption des élites) sont là pour en témoigner.

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A propos du choix des mots et de leur force… toujours dans le contexte de la défense de la cause palestinienne, contre-productifs et maladroits sont les slogans tels que « Libérez la Palestine !» ou bien encore « Palestine vaincra !» qui ne fait que nourrir en arguments imparables et dissuasifs, le ventre de la bête colonialiste et impérialiste dont la mauvaise foi n'est plus à prouver.

Quant à tirer, à partir de Paris, des plans sur ce que les Palestiniens devraient souhaiter pour eux-mêmes dans une appropriation du destin de toute une population, là on frise une désinvolture, voire une arrogance, qu'il serait sage de garder pour soi d'autant plus que la seule revendication publique (et pour peu que l'on se pense légitime à en formuler le contenu) qui protège de tous les procès d’intention qui peuvent être adressés aux Décoloniaux (lobbies communautaires israéliens - CRIF, LICRA, UEJF -, médias, classe politique) est la suivante : « Le retrait d’Israël dans ses seules frontières reconnues par le droit international : celles de 1967 ».

Toute autre revendication condamne les Décoloniaux à entretenir, certes à leur corps défendant, les perpétuels procès d’intention qui n’ont qu’un but : intimider, diaboliser, discréditer tout engagement en faveur de la dénonciation du sort injuste et cruel fait aux Palestiniens de Palestine et  des camps d’internement  ;  c’est d’ailleurs l’argument de l’UEJF et du CRIF : «  Ces thuriféraires de la cause palestinienne n’ont qu’un projet : jeter à la mer les Juifs de Palestine »…

D'autant plus que ce qui importe vraiment n'est pas prioritairement ce qui se passe en Palestine à propos duquel personne n'a de pouvoir d'influence... mais bien plutôt ce qui est en jeu ici en France... en relation, il est vrai, avec la politique israélienne en Palestine : chantage à l'antisémitisme, omniprésence du lobby israélien dans les médias, omniprésence de l'instrumentalisation d'événements liés à la Seconde guerre mondiale aux fins de discréditer toute critique des offices israéliennes présentes sur notre sol... de l'UEJF au CRIF en passant pas la LICRA.

Dénoncer le fait qu'il n'y a pas de carrière médiatique, politique et artistique au plus haut niveau pour quiconque soutien la cause palestinienne est une nécessité absolue ainsi que la dénonciation d'une politique systématique de "deux poids deux mesures" à propos de tout ce qui concerne une appartenance arabe-musulmane : droit de manifester, liberté d'expression,  traitement policier, traitement médiatique.

On n'a pas le droit de donner le bâton pour se faire battre lorsque ceux qui le tiennent ce bâton sont capables des châtiments à la fois les plus injustes et les plus dommageables ; le sort de Dieudonné  l'atteste amplement  -  20 ans de chasse à l'homme sans doute dans le souvenir  des actions menées contre les Indiens et les Esclaves d'Amérique ainsi que dans les colonies des nations européennes ; cet acharnement apporte la preuve de la détermination au-delà du droit, de la morale et de notre culture... des officines soutiens d'Israël en France. 

Sans doute les Décoloniaux se sont-ils accommodés du fait d'être condamnés à un entre-soi qui, à la longue, a pu s'avérer sécurisant, voire douillet mais pas sans conséquence néfaste : l'incapacité à établir un rapport de force ; d'où l’absence d’un soutien digne de ce nom (dénonciation et sanctions) depuis ces trente dernières années que recueille la cause palestinienne auprès de l’Etat français et de sa diplomatie frileuse, des médias, de la classe politique, de la communauté juive de France et plus généralement des Français de leur ensemble à la grande satisfaction des lobbies israéliens sur notre sol.  

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Juifs d’Israël, Juifs de France…

A ce sujet, rappelons que si les Juifs se suivent, ils ne se ressemblent pas pour autant. A titre d’exemple… Les Juifs de New-York ont peu à voir avec les Juifs de France ; en particulier ceux expatriés suite aux accords d’Evian ; d’où la nécessité de parler de compatriotes juifs lorsqu’il est question des Juifs de France.

De même, un Israéliens est israélien avant d’être un Juif. Refuser cette distinction, c’est réduire le conflit israélo-palestinien à une affaire d’Arabes qui n’ont pour seul projet : jeter à la mer des Juifs de Palestine… tout comme d’autres lorsqu'ils s'en prennent à des Juifs de New- York, de Londres ou de Paris. Refuser cette distinction c’est contribuer à délocaliser, à décontextualiser, à dé-historiciser  la question coloniale, nationaliste, raciste et impérialiste propre au Sionisme tel qu’il se déploie depuis  1948 ( et bien avant, dans la lutte des différents  groupes « terroristes ??? » juifs oeuvrant à grand renfort d'attentats et d'assassinats qui prenaient pour cibles de civils de l'administration coloniale britannique de ce territoire) ; et c’est alors qu’il n’y a plus de Palestiniens ni d’Israéliens ; retour à un problématique antisémite  qui permet d’évacuer la problématique Sioniste (idéologie qui n'a pas toujours fait l'unanimité parmi les Juifs ; se reporter à l'ouvrage collectif de l'UJFP: ICI) ; un sionisme né en Europe des quatre maux européens sources de massacres, de guerres, de génocides sans nombre :  de la Rome antique à nos jours ; idéologie responsable de l’effondrement moral et intellectuel de toute une communauté ; en effet il semblerait que tout soutien à Israël fasse de tout un chacun un salaud et/ou un lâche ; notons au passage qu’un Einstein, Proust, Bergson, Jankélévitch, Claude Lévi-Strauss, Levinas, Georges Steiner et d’autres encore n’avaient cure de cette idéologie ; il est vrai qu’ils avaient mieux à faire et mieux à proposer ; ce qui n’est pas donné à tout le monde non plus.

Car, si l’homme qui a faim est potentiellement un homme en colère… rien n’est plus redoutable qu’un homme qui s’ennuie : la propension à trucider son prochain peut s’avérer alors irrésistible car l’ennui est aussi  le meilleur des compagnons de toute action criminelle.

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