Il était une fois l’Occident à Gaza

 Au moment des Accords d’Oslo (1993), on comptait 110 000 colons en Cisjordanie occupée ; en 30 ans, ce nombre a été multiplié par 4 : soit 465 000 ; 750 000 avec la colonisation de Jérusalem Est.

Dans les faits, qu’en est-il - qu’en a-t-il été - de la résistance palestinienne en Palestine depuis 1967 ? Pour quel résultat ?  Combien ne se sont-ils pas époumonés (Youssef Boussoumah entre autres thuriféraires de la cause palestinienne) à nous compter sans fin les exploits d’une résistance dite héroïque !

L’intervention du 7 octobre, la nature de cette intervention, par différents groupes armés gazaouis, n’aura-t-elle pas finalement été qu’un symptôme : celui de près d’un siècle d’impuissance : de 1948, année de la Nakba, à nos jours ?

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Bilan UN au 20 décembre des morts palestiniens suite aux bombardements de GAZA par l’Etat d’Israël : 20 000 morts – 2/3 de civils dont près de 9 000 enfants.

Rapporté à la population française, il s’agit de 600 000 morts.

C’est la résistance de demain que l’Etat israélien tente de tuer dans l’œuf avec une guerre qui, d’un combattant du Hamas tué (du moins considéré comme tel), tue deux civils, femme et enfant, soufflés par les bombes de ce même Etat israélien...

Jamais la communauté internationale n'aurait accepté un tel crime de guerre en Ukraine. 

Le personnel des médias – celui de C-News en particulier – évoque les bombardements de la ville allemande de Dresde qui, en son temps, n’a soulevé aucune émotion (ce sera donc non pas "comme en 14" mais "comme en 40 !" Dont acte) ; d’autres laissent entendre ceci : « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs » ; ce qui expliquerait que l’on tue un enfant et une femme à chaque fois qu’il est question de neutraliser un combattant du Hamas (du moins… considéré comme tel).

Mais alors, est-ce que cela vaut aussi pour le Hamas et son intervention du 7 octobre qui a vu une majorité de civils périr au côté d’une minorité de soldats israéliens ?

Il est vrai qu’aux uns tout est permis.

Près de 60 journalistes de langue arabe (cherchez l'erreur !) ont été délibérément pris pour cibles par l'armée israélienne ; ils sont les seuls ; ce qui semble avoir échappé à Reporters sans frontières dont le silence confirme que cet Etat israélien bénéficie d'une impunité sans bornes.

Pas de mobilisation massive de nos compatriotes de culture arabo-musulmane ; les anonymes ; quant à ceux qui jouissent d'une notoriété certaine, les Roschdy Zem, là encore, tous baissent la tête et rasent les murs ; faut dire qu'ils savent qu'ils n'ont pas droit à l'erreur pour n'avoir droit à rien vraiment, et ce depuis toujours : et puis... carrière oblige ! 

Aussi, malheur à quiconque souhaite faire carrière aujourd'hui ! Quand on sait ce qui sera exigé en retour : la validation d'un monde in-fréquentable à la tête duquel l'on trouvera de véritables gangsters du droit et de la morale.

Pas de sursaut non plus de cette gauche qui a pourtant placé la lutte contre le racisme, le colonialisme, le nationalisme et l’impérialisme au cœur de son engagement depuis les années 60… même si Mélenchon fait le "job", seul et haï pour cela comme jamais par la quasi totalité de la classe politique et médiatique : C-News en particulier. Encore C-News !

Pas un seul Juif français pour afficher publiquement un « Not in our name !». Cela ne surprendra personne puisque nos compatriotes juifs pris en main par une élite médiatique leader de la parole islamophobe (nouveau visage du racisme) depuis près de vingt ans (Zemmour, Finkielkraut, E. Lévy, G. W. Goldnadel, P. A. Taguieff, Enthoven, CRIF, UEJF, LICRA...) se les a accaparés pour en faire des Israéliens plus israéliens que l'original : pour tout ce petit monde, un Palestinien, a fortiori la cause palestinienne, ça n'existe pas, jamais ! Ceux qui les côtoient chaque jour peuvent sans difficulté en témoigner.  

Si le 7 octobre aura eu son heure de longues heures durant, jours et semaines, d'indignation, de commisération, de colère, d'épouvante, de hurlements le poing vengeur dans tous les médias d'Occident ; en revanche, pas une minute de silence pour ces milliers d'enfants palestiniens... ni avant-hier, ni hier, ni aujourd'hui, ni jamais... depuis plus de cinquante ans, de génération en génération, durant près d'un siècle, de calvaire en martyre, confrontés à des forces sans pitié d'un cynisme inégalé depuis la Seconde guerre mondiale.

Mais alors, de ce silence, de cette soumission à la loi du plus fort, de cette indifférence, de tous ces arguments qui tentent de justifier l'injustifiable... qui s’est demandé dans quel Etat la France et le reste de l’Europe sortiront de cette intervention israélienne qui, jusqu’à présent, a coûté la vie à 9 000 enfants palestiniens soufflés par les bombes de cet Etat ? Car ces enfants palestiniens sont aussi les nôtres ; ceux de nos compatriotes français arabo-musulmans - plusieurs millions d’entre eux (comme les enfants israéliens du 7 octobre ont pu être ceux de nos compatriotes juifs) - et ceux de la gauche anticolonialiste déjà citée.

Et ces bombes, ce sont aussi les nôtres… du moins... celles d’une classe politique et médiatique qui n'a de cesse de nous expliquer à quel point ces bombes sont censées défendre une civilisation - notre civilisation occidentale et ses VALEURS - contre la barbarie.

Oui, les nôtres de bombes ! Celles de nos compatriotes juifs aussi, près de 600 000 d’entre eux qui ne perdront pas une heure de sommeil à propos de ces 9 000 enfants palestiniens réduits en cendres.

Résignation-acceptation chez les uns, indifférence chez les autres qui en redemandent plus encore… toujours plus de morts palestiniens…

Et si tout était lié finalement ? Car enfin, au regard des événements de Gaza, quelle part contributive  cette passivité, cette impuissance, cette indifférence, cette résignation… représente-elle au sein de cet environnement plus vaste encore qui a pour caractéristique la fin de l’hégémonie morale du dit Occident et de sa capacité à pouvoir "inspirer" le monde ? L'Occident et sa population maintenant passive devant les écrans comme autant de fenêtres ouvertes sur une réalité qui n'a jamais été autant intimidante ; population à la fois libre et prévenue. 

GAZA, notre acceptation de ces 9 000 cadavres d’enfants tués en notre nom, effondrement moral et intellectuel de cet Occident, défaites multiples du corps social (Gilets jaunes martyrisés, réforme des retraites maintenue, remise en cause des libertés publiques par le diktat covidien restée lettre morte…)...

Oui ! Et si tout était lié ?

Car, si le sort des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie semble définitivement scellé, après Eichmann à Jérusalem vu par Hannah Arendt… nous faut-il maintenant commencer à réfléchir à « il était une fois l’Occident à Gaza » vu par les quelques-uns qui entrevoient maintenant le pire pour nous-mêmes car ces milliers de cadavres d’enfants palestiniens d'une réalité d'une grande banalité, celle d'un mal qui se voudrait nécessaire, et dont la colère de leur massacre n’aura pas été hurlée, ici, chez nous, en place publique, à pleins poumons… ne resteront pas sans conséquence pour notre propre vie dans les décennies à venir.

Il nous reviendront tous ces cadavres, tous ces petits êtres partis en fumée ou bien broyés sous des tonnes de béton ; effet boomerang assuré... à la fois moral et politique ; et c'est en pleine gueule qu'on se les prendra car...

Les Régimes savent se souvenir de l’indifférence, de la résignation ou de l’aveu d’impuissance de leur population devant les crimes perpétrés par ceux qui les dirigent ; demain, ils sauront en faire des choux gras quand le moment sera venu de s’en prendre à ceux d’entre nous, aussi minoritaires soient-ils, qui refuseront la nécessité des prochaines victimes d’une politique d’Etat que ce soit au sein de l’U.E, de l’Otan ou dans le cadre d’un néo-capitalisme toujours aussi triomphant, même et surtout sous la contrainte d’une décarbonisation de l’économie  - il y travaille déjà, serein…

Ces Régimes appuyés par les médias dominants... sauront nous expliquer la nécessité d’un nouveau sacrifice.

A qui le tour ? Où ? Quand ? Comment ?

La cause, la Grande Cause… nul doute qu’ils sauront nous en inspirer une de cause ; à défaut, pour les plus récalcitrants, nous la faire ingurgiter sous la contrainte des bombes lacrymogènes, de la matraque, des tasers et des flashballs.

Pour prolonger : cliquez  Mourir aux côtés des enfants palestiniens 

                puis... GAZA 2023